Où commence la vie?
(ASP) - Or donc, disions-nous la
semaine dernière, des scientifiques ont utilisé
des embryons créés spécifiquement
pour la recherche. Il les ont laissé croître
pendant quelques heures, et ont prélevé
les cellules dont ils avaient besoin: des cellules-souches,
comme on les appelle. Cellules dont on croit quelles
pourraient être à la source dune
révolution médicale.
Cétait prévisible,
le débat a immédiatement fait rage, et
na pas cessé depuis dautant
moins que le Président Bush sapprête
à rendre une décision concernant lusage
dembryons humains jusquici toutefois,
on ne parlait que dembryons résultant davortements,
ou d'embryons "surnuméraires" non-désirés,
comme il y en a beaucoup dans les cliniques de reproduction,
et non pas dembryons créés spécifiquement
pour la recherche. Et le débat sest pointé
jusquà la page éditoriale de lédition
du 19 juillet de la revue britannique Nature,
dotée dun titre peu courant dans cette
revue fort austère: "le
sens de la vie".
Où commence en effet la vie, se
demandent les scientifiques? "Les groupes pro-vie
définissent le début dune vie humaine
par lunion du spermatozoïde et de lovule...
Mais nos connaissances biologiques donnent peu dappui
à cette affirmation."
Un embryon de quelques heures soit
"lâge" quont ceux qui sont
détruits après le prélèvement
de leurs cellules-souches- est au stade que les embryologistes
appellent blastula: juste après morula,
juste avant gastrula. Au stade blastula, lembryon
nest encore quune sphère creuse.
Non seulement ny a-t-il aucune ébauche
dun quelconque membre ou organe, mais en plus,
même ses cellules ne se sont pas encore spécialisées:
on ne retrouve à ce stade aucune cellule cardiaque,
ou pulmonaire, ou nerveuse. Que des cellules indifférenciées,
doù leur nom: cellules-souches.
La biologie nest donc pas aussi
simple que le voudraient les groupes pro-vie. Comme
la démontrée Dolly, la brebis clonée,
la fécondation par un spermatozoïde nest
même pas indispensable pour obtenir quelque chose
de vivant. Et cest sans parler cette expérience
toute récente, le mois dernier en Australie,
alors que lovule dune souris a été
fécondée par des cellules prélevées
sur une autre souris. Les caricaturistes sen sont
donnés à coeur joie : le rôle
du mâle sera-t-il bientôt obsolète ?
Nul ne peut dire à ce stade si
ces expériences aboutiront quelque part. On la
vu ailleurs sur le site de lAgence Science-Presse,
le clonage reste encore plus que problématique.
Mais dans le contexte du présent débat,
il démontre que ce que nous appelons "vie"
depuis des milliers dannées nest
pas aussi simple à définir quon
le voudrait.
Et ça ne fait que commencer...