(ASP) - La syphilis, cette vieille maladie vénérienne, a-t-elle été introduite en Amérique par Christophe Colomb et son équipage ? Ou au contraire, ces derniers l’ont-ils contractée en Amérique, pour ensuite la rapporter en Europe dans leurs "bagages"?

Jusqu’à maintenant, on penchait davantage vers la seconde hypothèse, puisque des squelettes exhumés d’Amérindiens (d’avant les premiers contacts européens), montraient déjà des traces caractéristiques de la maladie. De plus, son apparition en Europe correspondait aux années suivant le retour au bercail des équipages de Colomb. Or en juin 2000, des chercheurs ont découvert en Angleterre, sur le site d’un ancien monastère, des ossements présentant des traces de syphilis. Ces ossements dateraient de l’an 1300, soit bien avant les voyages de Colomb.

Pour intéressante qu’elle soit, cette découverte n’invalide cependant pas l’hypothèse de l’origine américaine de la maladie, car rien nous dit que ce ne sont pas les Vikings, venus pêcher au large des côtes américaines, qui l’auraient ramenée en Europe. Le mystère demeure donc entier... mais pas tout à fait. Car après analyse des ossements anglais, d’autres chercheurs croient maintenant que la maladie dont souffraient les moines de l’an 1300 n’était peut-être pas la syphilis mais une maladie apparentée, causant le même type de lésions osseuses (d’où la confusion).

Or, comme on connaît maintenant l’alphabet génétique complet de Treponema pallidum pallidum - la bactérie qui cause la syphilis - on est aujourd’hui en mesure d’identifier précisément, en recueillant de l’ADN osseux, la maladie dont souffrait les moines. Mieux : on sera peut-être désormais capable d’identifier, à partir d’échantillons provenant du monde entier, plusieurs foyers d’infections à partir desquels se serait répandu la syphilis !