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Adieu veaux, vaches, cochons... farines
(ASP) - Cette fois, trop c'est trop. La panique causée
en Grande-Bretagne par la vache folle n'avait pas suffi. Mais
le retour appréhendé de cette maladie, alors qu'on
croyait avoir pris toutes les mesures possibles et imaginables,
aura définitivement fait pencher la balance. On s'achemine
désormais en France vers une interdiction
totale, dans l'alimentation des animaux, de toutes les farines
d'origines animales. La question a été abordée
au Conseil des ministres, à l'Assemblée nationale,
et jusqu'au Conseil européen, où la création
d'une Autorité européenne de la sécurité
alimentaire a été annoncée le 25 octobre.
C'est un tournant, comme l'ont souligné les médias,
mais ce n'est pourtant pas une première. Il y a dix ans,
depuis juillet 1990 plus exactement, que les farines animales
sont interdites en France dans l'alimentation des bovins. Mais
il en passe encore en fraude. Et surtout, on continue encore
d'en trouver dans l'alimentation des porcs et des volailles -parce
qu'on croyait, et qu'on croit encore, que la maladie dite de
la " vache folle " ne peut pas se transmettre par l'intermédiaire
des autres animaux. Le fameux prion, cette protéine au
rôle et à l'origine qui ne fait pas encore consensus,
et qui est responsable de cette maladie, ne pourrait manifestement
causer des dommages que par l'intermédiaire des bovins.
Du moins, c'est ce qu'on présume.
Par ailleurs, si les choses ont traîné pendant
10 ans, c'est parce qu'il y a un autre facteur en jeu, qui n'a
rien de scientifique. L'industrie agro-alimentaire. Pour elle,
les alternatives, comme le fait de nourrir les troupeaux à
coup de protéines végétales, sont coûteuses.
Les protéines végétales ne sont pas produites
en assez grande quantité, en Europe, pour remplacer les
farines animales au pied levé. Il faut se tourner vers
la production étrangère, ce qui déplaît
souverainement aux producteurs locaux (l'Europe importe 70% de
ses besoins et la France, 50%, selon des chiffres cités
par Libération). Enfin, pour arranger le tout,
une partie non négligeable du soja et du colza -d'où
proviendront les protéines végétales en
question- produit à l'étranger est transgénique...
Rien n'empêche d'imaginer une production "locale"
accrue, mais il faudra y mettre le prix... et c'est le consommateur
qui le paiera, d'une façon ou d'une autre.
Si les choses ont malgré tout débloqué
la semaine dernière, c'est parce que les politiciens n'ont
soudain eu d'autre choix que d'intervenir, que cela plaise ou
non aux agriculteurs. Comme nos lecteurs français le savent
déjà fort bien, un négociant en bestiaux
de Beuzeville (Eure) et son fils ont été mis en
état d'arrestation pour avoir vendu
à la chaîne d'alimentation Carrefour une vache,
vraisemblablement atteinte de la maladie. Une vache qu'ils
savaient malades, selon l'accusation, mais qu'ils ont tenté
de passer en douce. C'est le vétérinaire de l'abattoir
local qui a repéré l'animal atteint et l'a écarté
du lot.
Pas à temps, toutefois, pour empêcher 500 kg
de viande, provenant du troupeau d'origine, de se retrouver en
vente. Ces autres animaux n'étaient pas nécessairement
malades. Mais puisqu'on ignore comment la vache malade a été
infectée, il y a de quoi se poser des questions sur ses
compagnes. Et il y a également de quoi se poser des questions
sur la
rigueur (ou l'absence de rigueur) des tests de dépistage...
L'excitation que cela a créé est loin de tout
régler : l'AESA, cette agence lancée par le Conseil
de l'Europe, sera chargée "d'évaluer les risques",
de "formuler des avis scientifiques", mais justement
rien que ça : des avis. Elle n'aura pas de pouvoir décisionnel,
au contraire de l'Administration américaine des aliments
et drogues (FDA) dont elle s'inspire. De sorte qu'on voit mal
comment empêcher un autre "incident"...
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