Le virus Ebola sous haute surveillance
LIBREVILLE (ASP) - Le virus Ebola fait
toujours partie des virus sous haute surveillance en
Afrique centrale, et particulièrement au Gabon,
où une équipe de spécialistes de
lOrganisation mondiale de la santé (OMS)
a été dépêchée dans
des villages du Nord-Est. Là-bas, 13 décès
ont été recensés depuis la réapparition
de lépidémie, il y a quelques semaines,
et 203 personnes suspectes mises en quarantaine.
"Heureusement que pour des raisons
économiques, la ligne de chemin de fer, dont
le terminus est à Booué, na pas
été prolongée, comme prévu,
jusquà Mékambo. Cela aurait constitué
un facteur aggravant de lépidémie
en entraînant des mouvements de populations vers
les grandes villes plus peuplées", explique
Fabien Ndong, infirmier à lHôpital
régional de Makokou.
De cet agent pathogène, on ne sait
pratiquement rien, sinon qu'il provoque une mortalité
qui peut atteindre de 50 à 90% des personnes
touchées. Depuis 1976, date à laquelle
il a frappé pour la première fois, il
réapparaît aussi mystérieusement
que régulièrement en Afrique centrale.
Mais avec la multiplication des concessions forestières,
lengrenage infernal se met peu à peu en
place. La consommation de viande de singe, limitée
jusqualors à certaines populations forestières,
se développe au fur et à mesure de lavancée
des forestiers.
Une équipe de spécialistes
venue du siège de lOMS à Genève,
semploie depuis la mi-décembre à
éduquer les villageois pour éviter la
propagation de lépidémie qui sest
accidentellement étendue vers le Congo voisin
où une malade sest réfugiée.
On y a recensé 5 autres morts. "Ici, la
frontière est arbitraire et les populations se
déplacent dun village à lautre
naturellement", déclare Firmin Tcheka, instituteur
de village.
Quatre villages sont en quarantaine. Selon
lOMS, 15 des 27 cas répertoriés
récemment vivent au Gabon et 12 au Congo. La
fièvre hémorragique causée par
le virus Ebola est apparue il y a quelques semaines
dans le petit village de Ntolo, à 60 km de la
ville de Mékambo, au Nord-Est du Gabon. Le virus
a fait son apparition au village Ekata, à 8 kilomètres
de la frontière du Congo. En fait, la fièvre
hémorragique fut identifiée dans cette
région du Gabon, pour la première fois,
en 1994 et des flambées se sont produites en
février et juillet 1996. Au total, 86 personnes
avaient été tuées.
"La première étape
est de prendre des mesures disolement non seulement
des personnes qui présentent des signes de la
maladie, mais aussi des personnes suspectées
davoir eu des contacts avec les personnes infectées",
déclare le porte-parole de lOMS, Gregory
Hartl. "Il faut informer et sensibiliser les communautés
ainsi que les autorités locales sur les règles
de prévention de lépidémie
et envisager la prise en charge psycho-sociale des malades,
et des familles", souligne le directeur régional
de la Santé, Prosper Abessolo Mengue.
Pour les scientifiques de lOMS,
les forêts tropicales dAfrique et dAsie
constituent des réservoirs naturels du virus
Ebola et plusieurs hypothèses ont été
avancées pour expliquer lorigine de ces
flambées de fièvres. Certains pensent
quil pourrait sagir dun virus de plante
qui infecterait les vertébrés. Bien que
des primates soient à lorigine de linfection
chez lhomme, ils ne semblent pas être le
réservoir du virus. Ils sont, comme les êtres
humains, infectés directement par le réservoir
naturel ou selon une chaîne de transmission partant
de ce dernier.
Le Dr Allaranga Yokouidé, épidémiologiste
de lOMS pour lAfrique centrale, a rappelé
que la population ne doit pas toucher les animaux trouvés
morts dans la forêt ni tuer les animaux ayant
un comportement anormal, cest-à-dire ne
fuyant pas devant le chasseur. Les équipes médicales
ont interdit également aux populations dévacuer
elles-mêmes les malades et leur recommandent surtout
de ne pas les toucher avec les mains nues, et encore
moins les vomissements, les selles, le sang, la sueur,
ou les urines des cadavres. Aucun vaccin na été
découvert à ce jour.
Antoine Lawson