Des revues plus ouvertes?
(ASP) - Le protocole entourant la publication
darticles dans les revues scientifiques est généralement
bien accepté par les chercheurs: ce fameux "peer
review" ou jugement par les pairs, qui consiste
à faire relire une recherche par des chercheurs
de même discipline, avant de laccepter.
Même si de temps à autre les bonnes vielles
doléances ressurgissent: "mon article a
sûrement été rejeté parce
quil entrait en compétition avec les travaux
dUntel"
Ou encore: "mon article
était probablement trop "à gauche"
aux yeux de ces "vieux croûtons"! Et
cela, sans parler de la lenteur du processus qui, entre
le moment de la soumission dun papier et sa parution,
peut atteindre de un à deux ans!
Les choses pourraient cependant saméliorer,
non seulement avec larrivée des nouvelles
revues scientifiques "en ligne", mais surtout
grâce à un tout nouveau mode de sélection
des articles identifiable à un jugement
des pairs ouverts ("open pair review")
- quexpérimentent en ce moment certaines
de ces nouvelles publications, comme Atmospheric
Chemistry and Physics (ACP) et Electronic Transactions
on Artificial Intelligence (ETAI).
Cette méthode sapparente
à un séminaire de discussion sur Internet,
auquel sont conviés les abonnés de la
revue, ainsi quun petit groupe de lecteurs officiels,
spécialistes du domaine couvert par larticle
soumis, le tout modéré par des responsables
de la publication. À ETAI par exemple, dès
quun article est soumis pour publication, il apparaît
sur le site web. Léditeur invite alors
par courriel les scientifiques qui le veulent bien,
ainsi que son groupe de lecteurs officiels, à
une "réunion virtuelle" où les
participants débattent en temps réel de
larticle. Ces commentaires, signés ou non,
sont ensuite accessibles aux auteurs de larticle,
qui modifieront leur papier en conséquence, avant
de le soumettre une seconde fois à léditeur
et à son groupe de lecteurs, qui nont plus
alors -sur la preuve des modifications faites- quà
prendre leur décision.
Pour Iliano Cervesato, un chercheur en
informatique de Virginie, qui a vu lun de ses
articles publiés par ETAI, ce processus de sélection
ouvert est une occasion en or, pour les chercheurs,
de raffiner leur présentation et même,
de corriger des erreurs. "Mieux vaut voir critiquer
son travail, à un stade où il est encore
possible de modifier des choses, que de le voir refuser
sans appel." Pour le chercheur, cette méthode
est aussi un "relais" ressourçant,
sur la longue et solitaire route qui sépare de
la publication. Mais encore faut-il que des chercheurs
se donnent la peine de critiquer votre article, avance
pour sa part Kaarle Hämeri, un physicien finlandais
qui a vu son premier papier soumis ne recevoir que trois
minces commentaires
Les promoteurs de la méthode croient
quil faut être patient et laisser lidée
faire son chemin dans la communauté scientifique.
Tout le monde nest en effet pas prêt à
soumettre son article à un échange de
commentaires aussi interactifs que public... Mais ça,
cest encore la faute à Internet
qui
nen finit plus de bouleverser les chapelles!
Luc Dupont