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semaine du 1er avril 2002



La télévision engendre la violence


Si on vous dit : la télévision engendre la violence. S’agit-il d’une vieille peur que l’on ressort périodiquement du placard depuis 50 ans ? Ou d’un fait scientifique avéré ?

Aucune de ces réponses. Ce n’est pas entièrement scientifique. Mais ça n’a rien d’une banale peur sans fondements.

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Une équipe américaine vient d’ajouter une pierre à l’édifice, et du même coup, relance le débat. Les jeunes qui regardent chaque jour plus d’une heure de télévision au début de leur adolescence risquent davantage, des années plus tard, d’opter pour des comportements violents, conclut cette étude publiée dans la dernière édition de la revue américaine Science (résumé de l'article; nécessite une inscription gratuite).

Parmi ces comportements violents: bagarres et cambriolages. Et ceux-ci augmentent encore plus si l’écoute de la télé dépasse les trois heures par jour.

On peut reprocher aux chercheurs la taille relativement petite de leur échantillon (c’est-à-dire le nombre de gens étudiés): 707 familles réparties dans deux comtés de l’Etat de New York. De sorte qu’il faut se rappeler ce chiffre, lorsqu’on lit dans cette étude, par exemple, que 5,7% des jeunes qui écoutent moins d’une heure de télé par jour ont développé des comportements violents entre 16 et 22 ans, contre 22% des jeunes qui écoutent plus d’une heure de télé par jour. Sachant que, parmi ces 707 familles, il n’y en avait que 88 chez qui les enfants regardaient moins d’une heure de télé par jour, 5,7% de ces 88, ça ne fait vraiment pas beaucoup de monde.

En revanche, la période de temps pendant laquelle tous ces gens ont été suivis est impressionnante: 17 ans pour les uns, jusqu’à 25 ans pour les autres. De 1975 à l’an 2000. Chacune de ces familles avait au moins un enfant âgé entre un et dix ans, au moment où l’étude a commencé.

Pour le principal chercheur, Jeffrey Johnson, de l’Université Columbia et de l’Institut de psychiatrie de l’Etat de New York, les liens entre comportements agressifs et télévision sont particulièrement forts pour les hommes pendant l’adolescence. Et pour les femmes, c’est au début de l’âge adulte. Suffisamment forts pour qu’il recommande aux parents de ne pas laisser leurs enfants trop longtemps devant le petit écran.

Ceci dit, au-delà des critiques qui seront inévitablement formulées contre cette étude, elle est loin de tomber d’un ciel sans nuages. Comme le rappelle une analyse publiée conjointement dans Science, c’est depuis les débuts de la télévision que des inquiétudes de cette sorte sont formulées. Et dès 1972, les arguments statistiques étaient suffisamment nombreux pour amener l’administration américaine à écrire que " la violence télévisée a effectivement un impact négatif chez certains membres de notre société " -sous-entendu, les gens qui ont déjà des tendances à la violence.

Six associations professionnelles américaines -l’Association des psychologues, celle des pédiatres, des psychiatres, des psychiatres de l’enfance, des médecins de famille et l’Association médicale américaine- ont récemment conclu que "les données pointent de façon très nette vers un lien de cause à effet entre la violence dans les médias et les comportements agressifs chez certains enfants".

Et pourtant, déplorent les auteurs de l’analyse, Craig A. Anderson et Brad J. Bushman, de l’Université d’Etat de l’Iowa, "en dépit de ce consensus", le grand public semble percevoir le message exactement contraire: selon la croyance populaire en effet, il n’y aurait pas de tel consensus, pas de preuve concluante pour lier violence télévisée et violence tout court. Cette perception, les chercheurs la rapprochent de celle qui a entouré le débat sur la cigarette: en dépit de preuves scientifiques écrasantes, un lobbying efficace de l’industrie du tabac a longtemps réussi à faire croire qu’il subsistait une incertitude quant aux liens entre cigarette et cancer.

Peut-être les critiques de cette nouvelle étude ont-ils raison de pointer que les 88 enfants qui regardent moins d’une heure de télé par jour sont différents parce que, pour écouter moins d’une heure de télé par jour, il faut qu’ils proviennent de familles qui sont elles-mêmes différentes de la norme. "Ce sont des familles très inhabituelles —le genre qui a plus de chances d’amener ses enfants dans les galeries d’art et les musées", lance l’expert britannique Guy Cumberbatch.

Mais au-delà de cette réalité, les chercheurs américains rappellent avoir tout de même derrière eux 25 années de données qui leur permettent d’ajuster leurs résultats en fonction des variations telles que le revenu familial, le niveau de négligence parentale ou des problèmes psychologiques pendant l’enfance. Et tous leurs résultats concordent : l’accroissement des comportements violents vaut aussi bien pour les gens qui avaient déjà un passé de violence que pour les autres. Un collègue de l’Université Case Western, à Cleveland, qui en 1988, avait étudié des enfants et des adolescents qui écoutaient plus de six heures de télé par jour (!) est intervenu cette semaine, rappelant que ces nouveaux résultats confirmaient en tous points les siens. Anderson et Bushman renchérissent en faisant un lien vers d’autres études récentes, portant, elles, sur l’impact négatif des jeux vidéos violents.

Et l’étude de Johnson et de ses collègues est de surcroît une première pour ses 25 années de données. De cette façon, elle devient la première à conclure que l’impact de la violence télévisée se prolonge jusqu’à l’âge adulte. Alors que tous les chercheurs précédents s’étaient jusque-là contentés de pointer du doigt un impact malsain chez les enfants ou les adolescents.

On pourra également alléguer qu’écouter la télé ne signifie pas écouter des émissions violentes. Mais avec une moyenne de 3 à 5 actes de violence par heure de grande écoute à la télé américaine, il y a peu de chances de passer à côté...

 


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