Le secret de la grippe de Hong Kong
(Agence Science-Presse) - En janvier 1997,
la grippe de Hong Kong provoquait une vive inquiétde
dans plusieurs coins du monde... et l'abattage de trois
millions de poulets là-bas. Pour la première
fois, un virus s'était révélé
capable de faire le saut des poulets aux humains. Cinq
ans plus tard, le mystère a été
levé sur sa stratégie d'attaque.
Ce virus a pu se propager aussi vite -dix-huit
personnes hospitalisées en quelques jours, six
d'entre elles décédées- parce qu'il
était un inconnu pour notre système immunitaire,
résume une équipe de l'hôpital de
recherche pour enfants St Jude, à Memphis, Tennessee.
Ce qui, en soi, n'est pas une affirmation révolutionnaire:
notre système immunitaire ne combat efficacement
que ce qu'il a déjà connu. Sauf que dans
ce cas-ci, il y a une subtilité. Beaucoup de
virus sont des cousins de virus déjà existants,
et notre corps arrive à les combattre en utilisant
les mêmes armes qu'il aurait utilisées
contre les "cousins". Or, dans le cas de ces 18 personnes
hospitalisées, le virus n'a justement pas été
reconnu. Et des chercheurs viennent de comprendre pourquoi.
Contrairement à ces cousins, cette
version du virus de la grippe, appelée H5N1,
s'est révélée capable de tromper
des molécules appelées cytokines -qui
sont la première ligne de défense contre
la grippe. Et ce, en raison d'une simple mutation dans
un gène de ce virus, résume cette équipe
dans la dernière édition de la revue Nature
Medicine.
Le fait d'identifier ce gène, espèrent
ces chercheurs, pourrait aider à mieux comprendre
d'autres versions encore mystérieuses de la grippe,
dont la tristement célèbre grippe espagnole,
qui tua près de 20 millions de personnes en 1918-1919.
D'autres experts sont par contre sceptiques quant aux
parallèles que l'on ose déjà faire,
avec si peu d'informations, entre cette grippe de Hong
Kong et la grippe espagnole. La recherche est loin d'être
terminée.