Kennewick 2002
(Agence Science-Presse) - L'homme de Kennewick
n'est pas mort: ce squelette de plus de 9000 ans qui
fait l'objet d'une contestation légale depuis
sa découverte, en 1996, pourra peut-être,
après tout, être étudié par
les scientifiques. Ainsi en a décidé un
juge fédéral, John Jelderks, à
Portland, Oregon, qui a ordonné au gouvernement
américain de permettre aux scientifiques d'accéder
aux ossements.
Depuis sa découverte en 1996 sur
les berges de la rivière Columbia, dans l'État
de Washington, les restes de cet individu sont réclamés
par cinq peuples amérindiens locaux, en vertu
d'une loi américaine sur les sépultures
indiennes, qui oblige les autorités à
restituer aux autochtones tout squelette découvert
dans leur région.
Sauf qu'avec ses 9300 ou 9400 ans, l'homme
de Kennewick -du nom de la ville voisine- est l'un des
plus vieux jamais découverts en Amérique
du Nord, ce qui explique que les scientifiques aimeraient
bien l'étudier en détail. En particulier,
l'analyse de son ADN, si celui-ci est encore intact,
pourrait apporter des informations inédites sur
les premiers peuples à avoir mis pied en Amérique.
L'ADN pourrait par exemple apporter la preuve que ces
premiers peuples ne sont pas tous passés par
le détroit de Bering (entre la Sibérie
et l'Alaska) mais que certains ont pu venir par la mer,
en passant par exemple par les îles du Pacifique
Sud.
Pis encore, il y a ceux qui trouvent au
crâne de cet homme une ressemblance troublante
avec les crânes européens, plutôt
qu'asiatiques, comme c'est généralement
le cas avec les Amérindiens. Ce qui ne fait que
décupler la controverse à son endroit.
En septembre 2000 (voir
ce texte), le ministère américain
de l'Intérieur avait finalement donné
raison aux groupes amérindiens, ce qui risquait
de mettre fin à toute tentative de l'étudier
scientifiquement. Huit anthropologues avaient alors
décidé d'aller devant les tribunaux, et
le juge fédéral vient donc de leur donner
raison. Mais l'histoire ne s'arrêtera sans doute
pas là: il reste encore des possibilités
d'appels, et bien des années...