Le marché biaisé des revues savantes
(Agence Science-Presse) - Les bibliothèques
du monde entier paient beaucoup trop cher pour leurs
abonnements aux revues scientifiques, médicales
et techniques. Pour quelle raison? Cela apparaîtra
étonnant à ceux qui imaginent encore que
ces revues, destinées à des lecteurs très
spécialisés, sont loin de toute considération
commerciale: ces revues créent une concurrence
déloyale, juge le Bureau britannique du commerce.
Ces revues abusent carrément de
la situation, lit-on dans le rapport de cet organisme
du gouvernement britannique. Cest que ces revues
se concurrencent entre elles sur des bases différentes
des revues "grand public": chez ces dernières,
devant deux revues similaires, lacheteur choisira
souvent la moins chère. Or, dans le monde de
la science, certaines revues jouissent dune réputation
si solide quelles en deviennent incontournables
aux yeux de plusieurs lecteurs. Résultat: leur
éditeur hausse honteusement le prix. Et bien
des revues fort intéressantes seront alors sacrifiées
par les bibliothécaires, parce que la hausse
des tarifs dabonnement des revues plus célèbres
obligent à annuler les abonnements des moins
célèbres...
Le bureau britannique a incidemment pu
constater que les tarifs dabonnement à
ces revues croissaient plus vite que linflation.
Solutions? Les Britanniques ne se risquent
pas à en proposer, au grand dam des bibliothécaires
qui, note la revue Nature, auraient souhaité
une prise de position plus énergique. Tout au
plus note-t-on les premiers pas dinitiatives encore
dispersées, comme la Public Library of Science,
dont lespoir est qu'elle devienne un portail de
revues scientifiques offrant leurs contenus gratuitement,
quelques mois après publication.