Le Boléro composé par un cerveau
malade
(ASP) - Cest un problème
neurologique qui aurait influencé Maurice Ravel
lorsquil a écrit sa dernière et
sa plus célèbre oeuvre, le Boléro.
Telle est du moins la conclusion hérétique,
aux yeux des adeptes- de François Boller, de
Centre de recherche Paul Broca, à Paris.
Ce nest pourtant pas un mystère
que le compositeur français Maurice Ravel a souffert
progressivement dune mystérieuse maladie
dégénérative, à partir de
lâge de 52 ans (en 1927). Il a perdu la
capacité à parler, à écrire
et à jouer du piano. Il a donné son dernier
concert en 1933, et est mort en décembre 1937.
Quelle était cette maladie ?
Plusieurs ont suggéré lAlzheimer,
mais François Boller, dont le travail paraît
dans la dernière édition de l'European
Journal of Neurology, rétorque que les premiers
symptômes sont apparus à un âge trop
jeune et que, de surcroît, la mémoire
de Ravel, elle, na jamais été affectée.
Or, il se trouve quune combinaison
de deux maladies, l'aphasie primaire qui attaque
les centres du langage dans le cerveau- et la dégénérescence
corticobasale, qui attaque le contrôle des mouvements,
pourrait expliquer létat de Ravel pendant
les dernières années de sa vie.
Et cest là quintervient
le Boléro : les dommages au cerveau liés
à ces maladies touchent particulièrement
lhémisphère gauche du cerveau. Bien
que les aptitudes musicales soient réparties
un peu partout dans notre matière grise, il se
trouve que lhémisphère gauche est
la région où s'orchestrent les mélodies.
Selon Boller et ses collègues, les dernières
uvres de Ravel montrent que le timbre en est venu
à dominer, au détriment de la mélodie:
un fait certainement caractéristique du Boléro
(composé en 1928), qui ne contient que deux thèmes,
chacun répété huit fois. Et qui
a 30 phrases musicales surimposées, et 25 différentes
combinaisons de sons (le timbre, c'est tout cela). Au
point où Ravel lui-même le décrivait
comme une "construction orchestrale sans musique".
Le Boléro, construit par un cerveau
malade? Si tel est le cas, on a déjà vu
pire dans le monde des arts