Alors que la controverse sur
les OGM se poursuit dans plusieurs régions
du monde, et a même conduit, chez
certaines compagnies, à un arrêt
de la production, la Chine elle, sy
lance à plein régime. Selon
une étude parue dans la dernière
édition de la revue américaine
Science, les scientifiques chinois
travaillent dores et déjà
sur davantage de produits génétiquement
modifiés que les scientifiques de
quelque pays que ce soit, à lexception
des États-Unis. Et si la tendance
se maintient, même la position de
tête des Américains nest
pas assurée.
Pour un pays encore considéré
dans la catégorie "en voie de
développement", la Chine investit
énormément dans les OGM: 112
millions$ en 1999 (lessentiel de cette
somme provient de subventions gouvernementales,
ce qui en fait un signal clair), contre
15 millions$ pour lInde et le Brésil,
les autres chefs de file parmi les pays
en voie de développement. En comparaison,
les États-Unis investissent entre
deux et trois milliards.
Les chercheurs chinois, selon
létude
(la lecture du résumé
nécessite une inscription gratuite)
de Science (menée conjointement
par des chercheurs américains et
chinois), travaillent sur plus de 50 espèces
modifiées de plantes et plus de 120
gènes dits fonctionnels.
Sur 353 projets déposées
entre 1996 et 2000 au Bureau chinois de
lAdministration de génie génétique,
251 ont été acceptés,
concernant des plantes ou des animaux transgéniques,
soit à des fins dexpériences
dans des champs ou des laboratoires. Là-dessus,
les instituts de recherche de là-bas
disent avoir développé 141
OGM végétaux, dont 65
ont été approuvés par
le gouvernement pour utilisation dans des
cultures à lair libre,
et 31 pour commercialisation. Ce qui, pour
une industrie encore jeune, est énorme.
Leurs priorités traduisent
une réalité propre à
la Chine: le riz plutôt que le maïs,
les pommes de terre et les arachides plutôt
que le colza. Ces choix rappellent une préoccupation
majeure là-bas: les cultures "conventionnelles",
dans leur état actuel, ne seront
pas en mesure de nourrir lénorme
population (une catégorie de riz
résistante à trois maladies
a déjà subi deux années
de tests).
Et ces choix mettent en même
temps à mal un des arguments avancés
par les écologistes depuis des années:
que les pays en voie de développement,
eux qui devraient en théorie être
les premiers bénéficiaires
des OGM, ne pourraient jamais en profiter,
parce que la technologie serait trop coûteuse.
Les promoteurs des OGM prétendent
en effet quen produisant des plantes
plus résistantes aux maladies ou
aux insecticides, ils pourront produire
plus pour moins cher et que cela servira,
par conséquent, aux pays pauvres.
Propagande, répliquent les écologistes,
puisque ces pays nauront jamais les
moyens de se procurer les (bio)technologies
et lexpertise nécessaires.
La Chine est donc en train
de donner raison aux promoteurs dOGM...
"La Chine, lit-on, accélère
ses investissements en biotechnologie agricole
et se concentre sur des biens qui ont été
largement ignorés dans les laboratoires
des pays industrialisés... Des petits
fermiers ont commencé à adopter
de façon agressive les plantes transgéniques,
lorsquils y sont autorisés."
Le gouvernement aurait manifesté
son intention daugmenter de 400% ses
investissements dici 2005.
Si la Chine réussit
effectivement, au bout du compte, à
nourrir sa population avec ses OGM, elle
aura dès lors un argument en béton
pour exporter ceux-ci. Au point où
elle aura la capacité de devenir
le premier pays exportateur dOGM...