
Le 28 octobre 2002

Retour
au sommaire des capsules
Le vent de la pollution
(Agence Science-Presse) - Les vents dominants
sont d'un grand secours pour la pollution: ils l'entraînent
très loin, vers d'autres terres, où les particules
de suie peuvent se déposer et poursuivre leur travail
malsain.
C'est ainsi que, sur les rives de l'île
de Crête, au coeur de la Méditerranée,
là où on ne trouve pourtant pratiquement pas
d'industries polluantes, les niveaux d'ozone sont de 10%
plus élevés que ce que tolèrent les
normes de l'Union européenne. Ces nuées polluantes
qui passent au-dessus des têtes et au-delà
des frontières pourraient même être blâmées
pour les sécheresses vécues ces dernières
années en Israël, en Grèce et en Espagne.
Et qui sait, peut-être même pour la sécheresse
dévastatrice qu'a connue l'Ethiopie au début
des années 1980.
De quoi convaincre les autorités que
la lutte à la pollution doit faire l'objet de politiques
internationales, et non plus seulement nationales, insistent
les membres d'une équipe internationale de chercheurs,
qui viennent de conclure à cet effet leur analyse
des niveaux de pollution présents dans l'air au cours
de l'été 2001.
Mais l'optimisme n'est pas de rigueur, quand
on constate la vivacité des politiciens, face à
l'adoption du beaucoup moins contraignant Accord de Kyoto...
Et pourtant, les faits sont incontestables:
"nous savons maintenant que la pollution voyage à
des échelles intercontinentales et globales", résume
l'expert en courants atmosphériques Hanwant Singh,
du Centre de recherche Ames, affilié à Nasa.
Conséquece: les problèmes respiratoires et
cardiaques que l'on sait être exacerbés par
certains types de polluants ne peuvent qu'être amplifiés,
si ces particules se mettent à voyager à ce
point, ajoute Jos Lelieveld, de l'Institut Max-Planck de
chimie, en Allemagne, et directeur de cette recherche
internationale, parue dans la revue américaine Science.
Les courants aériens étant ce
qu'ils sont, ceux du Nord soufflent la pollution de Pologne
et de Russie vers l'Europe de l'Est, en fait aussi loin
qu'en Grèce, en Turquie et en Israël. Tandis
que les Espagnols et les Français héritent
d'une bonne partie des vents d'Europe de l'Ouest. Plus haut,
dans une couche plus élevée de l'atmosphère
appelée la troposphère, les polluants voyagent
encore mieux, une partie du smog d'Asie pouvant se retrouver
jusqu'aux Etats-Unis. Enfin, des particules de suie héritées
des industries d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient se retrouvent,
en fonction des vents saisonniers, au-dessus des uns et
des autres, où ils réussissent à bloquer
quelque 10% des rayons du soleil, ce qui en retour réchauffe
moins de nuages, ce qui entraîne un moins grand nombre
de pluies. Dans les régions qui en auraient pourtant
le plus besoin...
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|