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semaine du 9 décembre 2002



L'adjointe du professeur

La planète n'a rien remarqué, mais le monde de la science, lui, a tourné la page sur une longue histoire avec cette très vieille amie qu'est la souris. La souris de laboratoire.

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En fait, la souris vient de monter en grade: elle est désormais classée comme une de nos proches cousines.

Pour les scientifiques, c'est plutôt une confirmation qu'une annonce: c'est en mai dernier que les diverses équipes internationales travaillant depuis quatre ans au décodage du génome de la souris avaient annoncé la fin de leurs travaux. Mais c'est seulement la semaine dernière, après les étapes habituelles de révision, que leurs résultats sont parus dans la revue britannique Nature. Accompagnés d'une foule d'analyses et d'interrogations: et à présent, que fait-on avec toutes ces données?

Saviez-vous par exemple que l'ancêtre commun à la souris et à l'humain vivait il y a 125 millions d'années, soit à l'époque des dinosaures? Bien plus, cette créature, qui faisait à peu près la taille d'un petit rat, serait l'ancêtre commun à tous les mammifères modernes.

La conséquence, c'est que des masses de gènes et de séquences de gènes sont identiques chez la souris et chez l'humain. En fait, plus de 99% des gènes de la souris se retrouveraient chez nous (bien que certains soient depuis longtemps inactifs chez nous, comme celui qui sert à faire pousser une queue). De quoi étudier de très près les causes d'une série de maladies, du cancer jusqu'aux problèmes cardiaques en passant par le diabète.

En fait, ils sont plusieurs experts à dire que ce décodage du génome de la souris contient davantage de promesses que le décodage du génome humain. La raison étant qu'il faut moins de temps pour observer les modifications causées par un gène: une souris ne met que quelques semaines à devenir adulte et vit moins de deux ans, avec pour résultat que le renouvellement des générations se mesure en mois.

Saviez-vous aussi que la population de souris de laboratoires atteindrait les 25 millions? Nancy Jenkins et Neal Copeland en savent quelque chose: eux qui sont cités en exemple par Nature, travaillent sur des souris depuis 1980. Aujourd'hui responsables du Programme de génétique du cancer de la souris à l'Institut national du cancer de Frederick (Maryland), ils se rappellent de l'époque où tenter d'identifier une mutation responsable du cancer chez la souris relevait de l'héroïsme: il fallait croiser entre elles un millier de bestioles afin de découvrir, après quelques années, si l'une ou l'autre des 20 séquences de gènes identifiées comme suspectes démontrait un changement. De quoi occuper un étudiant pendant tout son doctorat!

Aujourd'hui, avec les quelque 30 000 gènes et leurs 2,5 millions de paires de bases rassemblés dans une banque de données (de 2,5 Gigs, avis aux amateurs de chiffres) et accessibles à tous (au contraire des génomes plus commerciaux et pour cette raison controversés), un chercheur peut simplement fouiller dans la banque après avoir croisé les souris qu'il a génétiquement modifiées, examiner les protéines qui sont encodées par les gènes visés, et choisir celle qui lui apparaît la plus prometteuse à analyser. "Il nous a fallu, résume Copeland, 15 ans pour obtenir 10 gènes constituant des causes possibles de cancers... Et il nous faut (maintenant) quelques mois pour avoir 130 gènes."

Mieux encore, avec les génomes de la souris et de l'humain placés côte à côte, il devient beaucoup plus facile de croiser les données des uns et des autres, et de rechercher des parallèles encore insoupçonnés entre notre cousine et nous. Déjà, un deuxième article paru dans cette même édition de Nature, par une équipe suisse, se penche sur le chromosome 21 qui, chez nous comme chez elle, montre des similitudes étonnantes, même dans les régions dites "pauvres en gènes". Pour des organismes qui se sont séparés il y a 75 millions d'années, c'est fort étonnant, et c'est le genre d'information qui cache certainement autre chose.

De quoi faire saliver oncologues, cardiologues, neurologues (ceux qui espèrent découvrir des causes génétiques à des maux tels que le Parkinson), sans parler des compagnies pharmaceutiques... Toute la communauté biomédicale, résume Jane Rogers, qui a dirigé le séquençage à l'Institut Sanger de Cambridge (Angleterre) "dispose maintenant d'outils puissants qui la serviront pendant plusieurs décennies".

Bref, la souris est devenue la meilleure amie du scientifique...

 

  • Le génome de la souris, pour les experts
  • Le groupe qui publie dans Nature est un consortium public. Plus tôt cette année, un consortium privé annonçait lui aussi avoir séquencé le génome de la souris. Ses données restent réservées aux chercheurs qui pourront payer.


En manchette la semaine dernière:
Mort à l'Afrique

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