
Le 3 septembre 2003

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Conflit d'intérêt: échec
(Agence Science-Presse) - La politique mise
en place l'an dernier par les principales revues scientifiques
pour dévoiler les conflits d'intérêt
est un échec, selon 30 scientifiques qui signent
une lettre commune.
Visant tout particulièrement les deux
revues les plus prestigieuses, la britannique Nature
et l'américaine Science, les signataires en
appelent aux éditeurs de ces publications, afin qu'ils
resserrent leurs critères.
En théorie, depuis l'an dernier, tout
scientifique qui est lié -par une subvention de recherche,
une commandite, un emploi rémunéré,
etc.- à une compagnie privée doit le révéler
lorsqu'il envoie sa recherche pour publication à
une revue comme Nature ou Science. Dans les
faits toutefois, ceux qui n'agissent pas ainsi sont rarement
inquiétés. Les signataires, appuyés
par le Center for Science in the Public Interest (CSPI),
donnent l'exemple de Roger Beachy, directeur du Centre Danforth
de science des végétaux, qui a récemment
signé un éditorial dans Science et
publié les résultats d'une recherche dans
Nature Biotechnology. Ni l'une ni l'autre de ces
revues n'a signalé que la recherche de Beachy, sur
la sécurité des plants génétiquement
modifiés, était financée par Monsanto
et d'autres firmes de biotechnologies.
"Au contraire de leurs homologues des sciences
biomédicales, les éditeurs de revues scientifiques
générales (ce que sont les prestigieuses Science
et Nature) ont été lents à adopter
des politiques claires sur les conflits d'intérêt",
poursuit le CSPI.
Le CSPI, dont cette initiative s'inscrit à
l'intérieur de son programme Integrity in Science,
n'a pourtant pas l'habitude de s'attaquer à la science
au sens large: fondé en 1971 par un microbiologiste,
c'est un groupe de pression dont la mission originale était
de... sensibiliser le public à une meilleure alimentation.
Il est devenu un groupe de défense du consommateur
faisant la promotion de recherches et de programmes de sensibilisation
sur la santé et la nutrition.
"Je ne crois pas que les scientifiques soient
coupables d'une offense éthique s'ils acceptent du
financement d'une compagnie", ajoute, dans une intervention
écrite, l'auteur Sheldon Rampton, pourfendeur des
stratégies douteuses de relations publiques. Il est
normal que ces compagnies, qu'elles soient en pharmacologie
ou en biotechnologies, veuillent tester leurs produits.
"Par contre, il ne fait aucun doute qu'il existe une corrélation
entre la source du financement et les conclusions de la
recherche."
"Les études financées par un
fabricant de médicaments ont plus de chances d'arriver
à des conclusions favorables sur ce médicament
que les études financées par d'autres sources."
Et attention: ce n,est pas parce que les fabricants sont
malhonnêtes, mais tout simplement parce que les biais
du chercheur -et de ceux qui l'ont payé- ont influencé
son choix des questions, des personnes interrogées
ou de la période de temps à analyser.
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