
Le 3 décembre
2003

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Thérapie génique: avantage à la
Chine
(Agence Science-Presse) - Tandis que plusieurs
pays s'interrogent sur l'avenir et les risques de la thérapie
génique, la Chine fonce: en janvier 2004, elle sera
la première nation à disposer d'une thérapie
génique dûment approuvée par ses autorités
médicales.
Bien que différentes thérapies
géniques fassent l'objet d'essais cliniques depuis
1990, aucune n'a en effet été jugée
assez sécuritaire pour approbation. Des dérives
et même des décès ont, en 2001-2003,
refroidi les ardeurs des plus enthousiastes promoteurs de
cette stratégie extrêmement complexe et risquée
(lire Le
naufrage de la thérapie génique).
La thérapie génique consiste
à corriger un gène défectueux directement
dans les cellules du corps.
La Food and Drug Administration chinoise a
autorisé le traitement en octobre, mais la nouvelle
n'a trouvé écho dans les médias occidentaux
que tout récemment, sur
le site du magazine britannique The New Scientist.
Il s'agit d'une thérapie anti-cancer appelée
Gendicine. Elle a été mise au point par le
docteur Peng Zhaohui qui travaille sur les thérapies
géniques depuis 1990.
La Gendicine permettrait de corriger le gène
p53, dont la mutation ou l'inactivation est la cause de
nombreux cancers. Ce gène a pour rôle premier
d'ordonner le suicide de toute cellule anormale; s'il n'agit
pas, cette cellule peut donc proliférer, créant
du fait même une tumeur. La Gendicine, qui est en
fait un adénovirus modifié, pénètre
dans les cellules pour y introduire une copie normale de
ce gène p53.
Lors des essais cliniques, qui ont porté
sur 120 patients, ceux qui ont reçu le traitement
à la Gendicine en association avec la radiothérapie
ont vu leur tumeur disparaître dans 64 % des cas,
soit trois fois mieux qu'avec la seule radiothérapie.
La plupart souffraient d'un cancer du nasopharynx, un cancer
particulièrement fréquent en Chine. Ces résultats
seront publiés en décembre dans le journal
médical national de Chine.
Malgré ces résultats encourageants,
la Chine est-elle allée trop vite? Interrogé
par le New Scientist, le Dr French Anderson, pionnier
de la thérapie génique, qui s'est rendu sur
place, répond: "ce n'est pas une approbation
faite à la légère; il s'agit d'une
sérieuse analyse en profondeur. "
Les expériences interrompues en Europe
en 2002 (voir
ce texte) utilisaient des rétrovirus. Le docteur
Peng Zhaohui assure que son adénovirus ne s'intègre
pas à l'ADN des cellules humaines, ce qui diminuerait
les risques d'effets indésirables à long terme.
La Chine donne donc une raison supplémentaire
à l'Occident de tourner les yeux vers le soleil levant...
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