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semaine du 14 octobre 2002



Le naufrage de la thérapie génique


L
e nouveau coup de poing reçu par la thérapie génique l'a atteint en plein ventre. Non seulement la France a-t-elle suspendue toutes les expériences, comme nous le rapportions la semaine dernière, mais également l'Allemagne et les Etats-Unis… et ce, au moment même où un traitement contre le Parkinson doit commencer dans ce pays.

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C'est l'annonce qu'un jeune Français, subissant une thérapie génique depuis 1999, avait développé une forme inattendue de leucémie, qui a fait résonner le signal d'alarme (voir ce texte). La France a immédiatement suspendu les expériences en cours, qui visaient à traiter, par la thérapie géniquie, une forme sévère d'immunodéficience dont souffraient huit enfants. Ce mal, qui se caractérise par un système immunitaire incapable de lutter contre les virus et bactéries, oblige ces enfants à vivre dans un milieu totalement aseptisé, d'où leur surnom d'enfant-bulle. Le seul traitement connu est une transplantation de moelle osseuse.

Les Etats-Unis ont du même souffle eux aussi mis sur la glace tout éventuel traitement de ce mal par la thérapie génique, tant qu'on n'en saura pas plus sur la leucémie qu'a soudain développé l'enfant de trois ans. Mais le pays de l'Oncle Sam s'est bien gardé de mettre un embargo sur la thérapie génique dans son ensemble: car au moment même où cette nouvelle arrivait de France, une autre, parue dans la revue américaine Science, faisait état d'un succès -auprès de souris, cette fois- dans le cadre d'un traitement d'une thérapie génique contre la maladie de Parkinson. Succès tel qu'il devrait conduire, d'ici peu, au lancement des premiers tests sur des humains.

Souvent décriée, souvent montée aux nues, la thérapie génique est un traitement encore hautement expérimental qui consiste, en gros, à injecter un gène -un gène "réparateur", de préférence- dans un patient. Ce gène pénètre chez son nouvel hôte par l'intermédiaire d'un virus (un rétrovirus plus précisément) et une fois arrivé à destination, devrait en théorie servir à pallier à une déficience donnée -par exemple, réactiver un système immunitaire endormi. Ou endormir un gène dont la déficience est responsable des mouvements incontrôlés qui caractérisent le Parkinson.

Le problème, c'est que depuis près de 20 ans que ses partisans la montent aux nues, la thérapie génique n'a pas encore été capable de faire ses preuves. Si elle a eu de-ci de là quelques succès encourageants -comme dans le cas de cette recherche sur des souris- elle a eu plus que sa part d'espoirs déçus, en plus de quelques échecs retentissants, dont le plus connu est le décès aux Etats-Unis de Jesse Gelsinger, 18 ans, en septembre 1999 (voir ce texte).

Alors que la semaine dernière, la Grande-Bretagne songeait elle aussi à un moratoire sur la thérapie génique -tout au moins, dans le cas des patients traités pour immunosuppression- l'Allemagne avait déjà suspendu 13 types de thérapies géniques… dès juin dernier, à la suite d'une étude faisant état de souris qui auraient développé... des leucémies.

Les huit jeunes Français prenaient part à une expérience dirigée par le pionnier des thérapies géniques, Alain Fischer, de l'Hôpital Necker pour enfants malades, à Paris. Il avait déjà été conclu que 10 enfants avaient été guéri par cette technique, ce qui en faisait, jusqu'ici, le plus grand succès mondial pour la thérapie génique. Sauf que l'enfant qui vient de développer cette leucémie était l'un des 10.

Même Alain Fischer se range dans le camp de la prudence: "à ce stade, déclare-t-il à la revue Nature, il semble raisonnable de mettre un frein aux expériences de thérapies géniques qui utilisent des rétrovirus pour cibler les cellules de moelle osseuse" (comme c'était le cas à l'Hôpital Necker). Et interrogé par le New Scientist sur le succès obtenu chez les souris atteintes de Parkinson, l'expert britannique Roger Barker juge qu'il est trop tôt pour commencer des essais cliniques sur des humains. Les Américains ont pourtant obtenu de la FDA (Administration des aliments et drogues) l'autorisation de débuter ces tests sur 12 patients atteints de Parkinson. Ces patients seront suivis de près pendant les cinq années qui suivront le traitement.

On ne sait pas très bien ce qui a pu se passer pour qu'une leucémie se développe, mais toutes les hypothèses, qui tournent autour du lieu, dans l'ADN du jeune garçon, où s'est inséré le rétrovirus, rappellent une chose fondamentale: nos connaissances en génétique sont encore si incomplètes que toute forme de thérapie génique équivaut peut-être à lancer une fléchette sur une cible, les yeux bandés...


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