
Le 11 mars 2003

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Le gène de la stupidité n'est pas là
où l'on pense
(Agence Science-Presse) - Ce n'est pas parce
qu'on est un grand savant qu'on ne dit que des choses intelligentes.
Le très réputé James Watson, co-découvreur
de l'ADN il y a 50 ans, en a fait la preuve la semaine dernière,
lorsqu'il
a associé la stupidité à une maladie
génétique qui pourrait être guérie.
C'est dans le cadre d'un documentaire d'une
chaîne de télé britannique destiné
à célébrer ce cinquantenaire que le
Dr Watson a fait cette déclaration qui a aussitôt
déclenché les hauts cris. La faible intelligence
serait, a-t-il dit, un mal héréditaire et
les biologistes auraient donc le devoir de mettre au point
des thérapies géniques afin d'éradiquer
la stupidité. "Si vous êtes vraiment stupide,
j'appellerais ça une maladie."
Mais comment définit-on celui qui
est stupide et en vertu de quels critères? "Le 10%
inférieur, ceux qui avaient de réelles difficultés,
même à l'école élémentaire,
quelle en est la cause? Beaucoup de gens aimeraient dire
eh bien la pauvreté, des choses comme ça,
mais il n'en est probablement rien." C'est dans cette partie
de son explication que l'éminent scientifique dérape,
jugent les défenseurs des groupes défavorisés,
pour qui l'explication génétique risque de
devenir un passe-partout pour l'inaction (à quoi
bon combattre la pauvreté, si c'est génétique?).
Mais d'autres scientifiques sont également
tombés à bras raccourcis sur Watson: interrogés
par le New Scientist, Steve Jones, généticien
au Collège universitaire de Londres et Nikolas Rose,
bioéthicien à la London School of Economics
déclarent irréaliste la seule idée
de manipulations génétiques dans de pareils
cas. A supposer que la génétique ait quelque
chose à voir, ce sont de multiples gènes qui
seraient en cause, interagissant entre eux et avec l'environnement
social de façon complexe.
"Ce sont, juge Nikolas Rose, des déclarations
provocantes, caractéristiques de James Watson. Je
pense qu'elles devraient être traitées avec
amusement plutôt que comme des descriptions sérieuses
de ce que la génétique comportementale, ou
la génétique en général, seraient
capables de faire."
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