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semaine du 10 mars 2003



La fin des religions

Ceux qui croient que le monde a été créé en 7 jours allèguent souvent que l'évolution est elle aussi une croyance. Deux recherches cette semaine donnent de l'eau au moulin à ceux qui se demandent quoi répondre aux créationnistes.

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Il y a tout d'abord cette équipe de biologistes et généticiens allemands, américains et français, qui présente un nouveau tableau de l'évolution humaine… grâce à ses bactéries. Plus précisément, la bactérie Helicobacter pylori, qui colonise notre estomac et est responsable d'ulcères gastriques ou du duodénum. Elle se transmet en bas âge, probablement par l'intermédiaire de la mère. Or, ce qui a intéressé ces généticiens, c'est que H. pylori varie très peu d'une génération à l'autre, ce qui en fait une aubaine pour ces scientifiques: ils peuvent suivre son évolution à la trace. Et voilà qu'ils s'aperçoivent que l'évolution de cette bactérie suit en parallèle celle de l'espèce humaine, tout au moins pour les 100 000 dernières années.

En prélevant cette bactérie chez des représentants de 27 ethnies éparpillées à travers le monde, cette équipe dirigée par Daniel Falush, de l'Institut Max-Planck de biologie et d'infectiologie à Berlin, est arrivée à la conclusion que les différences génétiques de ces bactéries correspondent aux différences génétiques entre sept grands groupes humains, ancêtres de nous tous. Tracer l'arbre généalogique de cette bactérie, c'est tracer l'arbre génétique des humains: par exemple, la bactérie confirme la parenté entre les Inuits et les populations d'Asie de l'Est.

L'autre recherche vedette cette semaine, c'est une série d'expérience qui, étalées sur quelques années, ont permis à une équipe britannique de jouer à Dieu avec la levure, cette bactérie qui fait bien d'autre chose que de contribuer à la bière. Dans la dernière édition de la revue Nature, ils racontent comment ils sont carrément parvenus à "inverser" l'évolution de cette bestiole: deux variétés, c'est-à-dire deux espèces différentes de levures, Saccharomyces cerevisiae and S. mikatae, ont été ramenées, en laboratoire, à une seule: en l'occurrence, leur ancêtre commun avant que leurs routes ne se séparent. Cette étrange percée a été réalisée par un mélange des chromosomes des deux espèces -et elle confirme du même coup, si besoin était, que les espèces évoluent bel et bien à partir de modifications dans leurs chromosomes.

C'est évidemment moins spectaculaire -et moins facile à comprendre- qu'un récit sur la création en sept jours. Et ce n'est là qu'une raison pour laquelle une discussion avec un créationniste n'est pas facile. L'autre raison, c'est qu'au sens strict du terme, il n'a pas tort de dire que l'évolution biologique des espèces est une théorie scientifique: comme toute théorie, elle contient des trous et n'explique pas tout. Et comme toute théorie, à travers son histoire, elle a eu elle aussi ses doctrinaires désireux de l'asseoir sur la religion -l'Homme comme objectif ultime de l'évolution. Plus récemment, elle a eu ses doctrinaires sociaux, désireux de démontrer que le succès inévitable de "leur" système -communiste ou capitaliste- était inscrit dans la théorie de l'évolution.

Que répondre à un créationniste? Pour Michael Ruse, qui publie une synthèse à ce sujet dans la dernière édition de la revue américaine Science, il faut fuir à toutes jambes les doctrinaires. La génétique, depuis ses premiers balbutiements dans les années 30, jusqu'à son explosion à partir des années 60, a permis de mettre de la chair autour de ce qui n'était jusque-là qu'un squelette mathématique: il faut s'en servir, et s'y appuyer.

Car au contraire du créationnisme, la science ne se contente pas d'expliquer le monde en pointant les trous dans la théorie de son adversaire: les fondements mêmes de la théorie de l'évolution n'ont jamais été ébranlés, et chaque nouvelle découverte a au contraire contribué à la renforcer -tout le contraire de la "théorie" de la Création. Un des plus grands experts en biologie de l'évolution, Edward O. Wilson, va jusqu'à écrire dans son dernier ouvrage que l'évolution est un récit explicatif de notre univers désormais capable de détrôner le christianisme. "La théologie ne survivra probablement pas comme discipline intellectuelle indépendante." Et tout ça grâce à de bien discrètes bactéries...

 


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