Il
y a tout d'abord
cette équipe
de biologistes et
généticiens
allemands, américains
et français,
qui présente
un nouveau tableau
de l'évolution
humaine
grâce
à ses bactéries.
Plus précisément,
la bactérie
Helicobacter pylori,
qui colonise notre
estomac et est responsable
d'ulcères
gastriques ou du
duodénum.
Elle se transmet
en bas âge,
probablement par
l'intermédiaire
de la mère.
Or, ce qui a intéressé
ces généticiens,
c'est que H. pylori
varie très
peu d'une génération
à l'autre,
ce qui en fait une
aubaine pour ces
scientifiques: ils
peuvent suivre son
évolution
à la trace.
Et voilà
qu'ils s'aperçoivent
que l'évolution
de cette bactérie
suit en parallèle
celle de l'espèce
humaine, tout au
moins pour les 100
000 dernières
années.
En
prélevant
cette bactérie
chez des représentants
de 27 ethnies éparpillées
à travers
le monde, cette
équipe dirigée
par Daniel
Falush, de l'Institut
Max-Planck de biologie
et d'infectiologie
à Berlin,
est arrivée
à la conclusion
que les différences
génétiques
de ces bactéries
correspondent aux
différences
génétiques
entre sept grands
groupes humains,
ancêtres de
nous tous. Tracer
l'arbre généalogique
de cette bactérie,
c'est tracer l'arbre
génétique
des humains: par
exemple, la bactérie
confirme la parenté
entre les Inuits
et les populations
d'Asie de l'Est.
L'autre
recherche vedette
cette semaine, c'est
une série
d'expérience
qui, étalées
sur quelques années,
ont permis à
une équipe
britannique de jouer
à Dieu avec
la levure, cette
bactérie
qui fait bien d'autre
chose que de contribuer
à la bière.
Dans la dernière
édition de
la revue Nature,
ils racontent comment
ils sont carrément
parvenus à
"inverser" l'évolution
de cette bestiole:
deux variétés,
c'est-à-dire
deux espèces
différentes
de levures, Saccharomyces
cerevisiae and S.
mikatae, ont été
ramenées,
en laboratoire,
à une seule:
en l'occurrence,
leur ancêtre
commun avant que
leurs routes ne
se séparent.
Cette étrange
percée a
été
réalisée
par un mélange
des chromosomes
des deux espèces
-et elle confirme
du même coup,
si besoin était,
que les espèces
évoluent
bel et bien à
partir de modifications
dans leurs chromosomes.
C'est
évidemment
moins spectaculaire
-et moins facile
à comprendre-
qu'un récit
sur la création
en sept jours. Et
ce n'est là
qu'une raison pour
laquelle une discussion
avec un créationniste
n'est pas facile.
L'autre raison,
c'est qu'au sens
strict du terme,
il n'a pas tort
de dire que l'évolution
biologique des espèces
est une théorie
scientifique: comme
toute théorie,
elle contient des
trous et n'explique
pas tout. Et comme
toute théorie,
à travers
son histoire, elle
a eu elle aussi
ses doctrinaires
désireux
de l'asseoir sur
la religion -l'Homme
comme objectif ultime
de l'évolution.
Plus récemment,
elle a eu ses doctrinaires
sociaux, désireux
de démontrer
que le succès
inévitable
de "leur" système
-communiste ou capitaliste-
était inscrit
dans la théorie
de l'évolution.
Que
répondre
à un créationniste?
Pour Michael Ruse,
qui publie une synthèse
à ce sujet
dans la dernière
édition de
la revue américaine
Science,
il faut fuir à
toutes jambes les
doctrinaires. La
génétique,
depuis ses premiers
balbutiements dans
les années
30, jusqu'à
son explosion à
partir des années
60, a permis de
mettre de la chair
autour de ce qui
n'était jusque-là
qu'un squelette
mathématique:
il faut s'en servir,
et s'y appuyer.
Car
au contraire du
créationnisme,
la science ne se
contente pas d'expliquer
le monde en pointant
les trous dans la
théorie de
son adversaire:
les fondements mêmes
de la théorie
de l'évolution
n'ont jamais été
ébranlés,
et chaque nouvelle
découverte
a au contraire contribué
à la renforcer
-tout le contraire
de la "théorie"
de la Création.
Un des plus grands
experts en biologie
de l'évolution,
Edward O. Wilson,
va jusqu'à
écrire dans
son dernier ouvrage
que l'évolution
est un récit
explicatif de notre
univers désormais
capable de détrôner
le christianisme.
"La théologie
ne survivra probablement
pas comme discipline
intellectuelle indépendante."
Et tout ça
grâce à
de bien discrètes
bactéries...