
Le 16 mai 2003

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Breveter le SRAS
(Agence Science-Presse) - Ce n'est pas une
blague: des scientifiques veulent vraiment déposer
un brevet sur le SRAS, ce virus de la pneumonie atypique
qui a déjà fait quelques centaines de morts.
Pas parce qu'ils prétendent l'avoir
inventé, ni parce qu'ils veulent faire tout plein
d'argent avec son code génétique, comme d'autres
l'ont tenté ces dernières années avec
d'autres gènes. Plutôt pour assurer un libre-accès
à l'ensemble de ce bagage génétique.
Au cours du mois de mars, huit laboratoires
à travers le monde ont été engagés
dans une course contre-la-montre, sans précédent
dans l'histoire de la médecine, pour décoder
le génome du SRAS. Deux d'entre eux ont vu leurs
résultats paraître la semaine dernière
dans la version en ligne de la revue Science (voir
ce texte). Autre fait sans précédent,
tous ces résultats ont été échangés
au fur et à mesure entre les différents centres
de recherche internationaux (voir
ce texte), eux qui, en temps normal, auraient jalousement
gardé leurs données, attendant des semaines,
voire des mois, avant de les diffuser, de peur que que le
concurrent ne s'approprie leur découverte ou
pire, de peur que ce concurrent ne découvre dans
leurs données le potentiel pour un nouveau médicament.
Rien de tel ne s'est produit, mais pour éviter
que cela ne se produise, l'équipe canadienne de l'Agence
du cancer de Colombie-Britannique, l'une des deux à
avoir publié une séquence génétique
complète du SRAS dans Science, a confirmé
la semaine dernière qu'elle cherchait
à obtenir un brevet aux États-Unis sur cette
séquence génétique.
Ils ne sont pas les premiers à demander
un brevet dans le but d'empêcher les autres d'en obtenir
un. Depuis deux ans, la question du brevetage des gènes
est devenue de plus en plus controversée au sein
même de la communauté scientifique: plusieurs
dénoncent cette évolution qui, disent-ils,
ralentit la recherche scientifique qu'on pense notamment
à ce chercheur qui doit tester son produit et qui
doit chaque fois passer par une foule d'autorisations. Sans
compter le fait qu'un gène, parce qu'il existe depuis
des millions d'années, peut difficile être
catalogué comme une "invention" brevetable.
Des chercheurs dissidents ont donc commencé
à déposer des demandes de brevet, juste pour
forcer un débat sur cette question, et l'équipe
canadienne, dirigée par Samuel Abraham, s'est inscrite
dans cette démarche. "Ce que nous essayons vraiment
de faire ici, a-t-il déclaré aux journalistes,
c'est de faire quelque chose qui donnera toute liberté
aux compagnies pour agir."
Il pourrait s'écouler des mois avant
qu'une décision ne soit rendue sur cette demande
de brevet.
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