
Le 20 janvier 2003

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Une deuxième leucémie pour la thérapie
génique
(Agence Science-Presse) - De quoi faire perdre
ses dernières illusions. Un deuxième enfant
soigné par la thérapie génique en France
vient
d'apprendre qu'il était atteint de leucémie.
Et ce, avec ce traitement qui, jusqu'à récemment,
était pourtant considéré comme le plus
prometteur parmi toutes les expériences de thérapies
géniques menées dans le monde depuis 15 ans.
Si le premier cas, en septembre (voir Le
naufrage de la thérapie génique), avait
suscité l'expectative de l'autre côté
de l'océan, cette fois, l'Administration américaine
des aliments et drogues (FDA) n'a pas attendu, et a ordonné
la suspension immédiate des thérapies géniques,
en attendant que l'on en sache plus.
Ces deux enfants sont traités à
l'Hôpital Necker pour enfants malades, à Paris.
En tout, dix enfants sont ainsi traités, tous souffrant
d'une déficience majeure du système immunitaire
qui les oblige à vivre dans un environnement stérile
-d'où le surnom de "enfant-bulle". Le traitement
consiste, en gros, à utiliser un rétrovirus
pour "transporter" dans le corps de l'enfant les gènes
censés servir de traitement: ces gènes ciblent
en fait des cellules précises, dans l'espoir de réactiver
le système immunitaire.
Et ça semblait marcher: jamais auparavant
des traitements de thérapie génique n'avaient
entraîné des résultats aussi encourageants.
Le système immunitaire de plusieurs des enfants s'était
effectivement en partie réactivé.
Et puis, en septembre, était tombée
la mauvaise nouvelle: l'un des enfants s'était mis
à produire trop de cellules immunitaires dans son
sang. Une croissance incontrôlée: un signe
de cancer du sang, ou leucémie, qui avait pu être
traitée à temps. Mais non sans souligner de
sérieuses questions sur la fiabilité de la
thérapie: était-elle en cause, ou ce garçon
venait-il d'une famille à risque de développer
la leucémie? Le second cas, découvert peu
avant Noël et signalé
publiquement à la mi-janvier, vient d'éliminer
les derniers doutes.
Quatre autres enfants ont subi un traitement
similaire en Grande-Bretagne, et d'autres étaient
en cours aux États-Unis, en même temps qu'y
sont en cours d'autres cas de thérapies géniques
(une trentaine en tout, selon le New Scientist),
qui, eux, ont encore moins fait leurs preuves que la stratégie
de l'Hôpital Necker. Ce dernier événement
pourrait donc avoir un impact dévastateur sur la
thérapie génique, elle qui, en dépit
de nombreux espoirs, n'a encore jamais réussi à
démontrer qu'elle était le traitement révolutionnaire
que d'aucuns proclament. L'univers de la génétique
garde encore bien des secrets...
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