
Le 25 février
2003

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Les Australiens ont 40 000 ans
(Agence Science-Presse) - On en entend parler
beaucoup moins que des premiers habitants de l'Amérique,
mais les premiers habitants de l'Australie suscitent eux
aussi un débat: à quel moment de la (pré)histoire
exactement se sont-ils établis sur ce vaste continent?
De nouvelles datations tendent à faire pencher la
balance vers les 40 000 ans.
Le Lac Mungo: tel est le site qui passionne
les archéologues depuis un bout de temps. Les restes
humains qu'on y trouve sont non seulement les plus anciens
d'Australie, mais ils composent aussi l'un des plus anciens
sites funéraires du monde. Et ceci, en dépit
du fait que leur datation restait très incertaine:
selon les méthodes utilisées, ou selon ce
qu'on analyse, les estimations varient entre 30 000 ans
pour les rites funéraires, et 60 000 ans pour les
restes humains. On s'entend certes pour dire que ce site
a été occupé pendant des milliers d'années,
mais une marge d'erreur qui varie du simple au double, c'est
tout de même gênant
Une équipe australienne prétend
avoir réconcilié les différentes tendances,
en
resserrant la datation entre 40 000 et 50 000 ans, ce
qui lui vaut d'avoir fait la Une de la dernière édition
de la revue britannique Nature.
C'est qu'au passage, une telle datation permet
également de se réconcilier avec l'hypothèse
suivant laquelle tous les humains descendent d'un petit
groupe qui a quitté l'Afrique il y a environ 100
000 ans. S'il s'était avéré que l'Australie
avait déjà été peuplée
il y a 60 000 ans, plusieurs paléontologues auraient
eu du mal à accepter que les descendants de ce petit
groupe aient pu faire tout ce chemin en aussi peu de temps.
"Il y a maintenant un parfait consensus",
affirme le géologue James Bowler, de l'Université
de Melbourne, qui a dirigé cette recherche, et à
qui on doit également la première découverte
de ce mystérieux "Homme de Mungo", en 1974, dans
le Sud-Est de l'Australie. Les restes avaient alors été
estimés à 30 000 ans, mais la controverse
avait été lancée en 1999, lorsque le
collègue d'alors de Fowler, Alan Thorne, avait
publié une nouvelle étude, estimant l'âge
à 62 000 ans. Et pour compliquer la chose, le
site de 1974 s'était transfomé en trois sites,
et les recherches portaient désormais aussi bien
sur l'ADN mitochondrial d'un squelette que sur l'ocre utilisé
pour recouvrir les cadavres, les cendres et la composition
du sol -chacun de ces éléments donnant des
datations différentes.
La nouvelle technique employée cette
fois par l'équipe Bowler -composée de géologues,
de physiciens et de biologistes- s'appuie sur ce qu'on appelle
la luminescence optiquement stimulée -une proche
parente de la thermoluminescence, s'il y a des initiés
dans la salle. Les chercheurs ont étudié 25
échantillons de sol ainsi que des outils de pierre.
Quarante à 50 000 ans, cela a de plus
l'avantage de concorder avec deux choses: d'abord, d'autres
restes d'outils, vieux de 40 à 50 000 ans, dans le
Nord et l'Ouest de l'Australie. Ensuite, moins réjouissante,
la disparition de la "mégafaune" australienne à
cette époque, disparition que plusieurs attribuent
à l'arrivée de ces bipèdes à
deux pattes sur un continent jusque-là épargné...
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