
Le 1er mars 2004

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La vie descend d'une météorite
(Agence Science-Presse) - Quel est le point
commun entre la météorite de Murchison et
lorigine de la vie? La chimiste Sandra Pizzarello
et ses collègues de lUniversité dArizona
pensent avoir une réponse à cette énigme.
Plus précisément, ils proposent une explication
au fait que la molécule dADN soit toujours
enroulée dans le sens des aiguilles dune montre
-en dautres mots, quelle soit toujours droitière.
Rappelons en effet que les molécules
existent sous deux formes miroir dites droitières
et gauchères. Et en laboratoire, les deux configurations
se dégagent à parts égales. Mais dans
la nature, les composés organiques ont tendance à
préférer une configuration à lautre.
Croyant que les météorites pouvaient
contribuer à résoudre ce mystère, les
chercheurs ont étudié lisovaline, un
acide aminé détecté sur une météorite
que lon estime aussi vieille que la Terre, tombée
sur le sol australien, dans la ville de Murchison, en 1969.
Lobjet céleste contenait environ deux tiers
de molécules gauchères, contre un tiers de
droitières. Ces acides
aminés se seraient probablement formés à
partir de molécules simples arrachées dautres
météorites, et la lumière polarisée
dune étoile à neutron aurait détruit
un plus grand nombre de molécules droitières.
Les chercheurs ont alors essayé de
reproduire les conditions dans lesquelles serait tombée
cette météorite sur une Terre encore jeune.
Ils ont combiné certaines proportions disovaline
avec des composés à base de carbone autrefois
abondant, les glycoaldehydes et les formaldehydes. La réaction
a produit un sucre appelé le threose qui, dans les
composés organiques, favorise la formation de molécules
en forme d'hélice. Et c'est là que les chercheurs
ont observé 5% plus de threose droitière que
gauchère. Cette mince majorité aurait suffi,
selon Pizzarello, pour amorcer un enchaînement aboutissant
à la domination actuelle.
Le threose constitue la colonne vertébrale
dune molécule appelé lATN, similaire
à l'ADN, qui compose notre bagage génétique.
Or, des chercheurs soupçonnent quil aurait
été plus facile pour la vie démerger
avec lATN quavec lADN, parce que le threose
est un sucre plus simple que celui qu'on trouve dans lADN.
Par la suite, lADN aurait pris le relais.
Si les déductions de Sandra Pizzarello,
publiées dans Science, s'avéraient
justes, elles viendraient donc confirmer l'hypothèse
selon laquelle les briques nécessaires à la
vie nous seraient venues de l'espace, depuis une météorite
ou une comète.
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