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semaine du 1er mars 2004



Vaccin et autisme: une erreur monumentale

C'est fou, jusqu'où peut conduire la peur de la science... et des piqûres. Ainsi, entre des centaines d'études qui, depuis un quart de siècle, prouvent l'efficacité d'un vaccin, et un seul chercheur qui, en 1998, a soudain affirmé qu'il y avait un risque, des milliers de personnes ont spontanément choisi de croire au risque.

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Le gatroentérologue anglais Andrew Wakefield se doutait-il de l'impact qu'aurait son annonce? En 1998, le prestigieux journal médical britannique The Lancet publiait ses résultats préliminaires, portant sur seulement 12 enfants, où il faisait état d'un lien entre le vaccin rubéole-oreillons-rougeole (ROR) administré aux enfants, et le développement de l'autisme.

L'émoi a conduit de nombreux chercheurs à revoir leurs données au cas où quelque chose leur aurait échappé, à passer en revue des décennies de statistiques médicales et à revoir l'histoire médicale de cette douzaine d'enfants et de leurs familles. En vain. Jamais ce lien n'a pu être démontré, et la crédibilité d'Andrew Wakefield est progressivement passée dans le tordeur.

La semaine dernière, le dernier clou a été planté dans le cercueil: The Lancet a publié un éditorial révélant un conflit d'intérêt ahurissant: certains des 12 enfants au coeur de l'étude Wakefield étaient également au coeur d'une autre étude visant à établir s'il y aurait matière à une poursuite en justice contre le fabricant du vaccin ROR –et Wakefield était rémunéré pour cette autre étude (103 000$ US). The Lancet s'est excusé d'avoir publié la recherche Wakefield en 1998 sans avoir vérifié cette association pour le moins douteuse.

Mais entretemps, entre 1998 et 2003, le nombre de parents faisant vacciner leurs enfants a chuté dramatiquement en Grande-Bretagne, passant de 91 à 79%. Or, 79%, dans une campagne de vaccination, c'est statistiquement insuffisant: cela signifie que des maladies infectieuses jadis contrôlées peuvent proliférer de plus en plus facilement, en raison des 21% d'enfants non-vaccinés.

Seule consolation: c'est surtout dans ce pays que le ressac s'est produit. Dans d'autres pays du Commonwealth comme l'Australie et le Canada, le taux de vaccination n'a pas diminué autant, ou n'a pas diminué du tout.

Wakefield a été interrogé par les journalistes la semaine dernière, et il se défend bien d'avoir publié des résultats biaisés. Ce dimanche, le Daily Telegraph révélait que le Dr Wakefield envisageait de poursuivre The Lancet pour libel. Il se décrit plutôt comme une victime de l'establishment, opinion qu'ont partagé tout au long de la semaine quelques chroniqueurs dans les médias britanniques, et des centaines de personnes dans des forums électroniques à travers le monde.

Faisant ainsi peu de cas:

  • des montagnes de données médicales qui rappellent que la rougeole, loin d'être une maladie bénigne, était souvent responsable, avant que la vaccination ne soit instaurée, de pneumonies et de dommages au cerveau.
  • qu'une seule étude portant sur 12 enfants, déjà malades, sans aucune comparaison avec des enfants en bonne santé, n'a pratiquement aucune valeur.
  • et que l'autisme est une maladie qui, dans la majorité des cas, est diagnostiquée vers l'âge de deux ans. Comme la majorité des enfants sont vaccinés avant l'âge de deux ans, il peut être tentant de voir un lien de cause à effet.

Aucune étude n'a permis d'établir un lien entre l'augmentation des cas d'autisme et le vaccin ROR: au contraire, la plus importante étude du genre, portant sur le demi-million d'enfants nés au Danemark entre 1991 et 1997, constate deux choses: une augmentation des cas d'autisme, tandis que le nombre d'enfants vaccinés reste stable; et une proportion similaire de cas d'autisme, autant chez les enfants vaccinés que chez les non-vaccinés (voir ce texte).

Mais les plus cyniques ne sont pas surpris des appuis que continue de récolter le Dr Wakefield. "Vous ne changez pas l'opinion des gens en leur présentant des faits contraires", explique dans le Sydney Morning Herald l'expert australien de santé publique Simon Chapman. "Vous devez plutôt examiner ce qui les conduit à penser que la vaccination peut être néfaste."

Cette mythique association avec l'autisme, écrit dans le Scotsman le parent d'un enfant autiste, "est, je crois, un symptôme de notre culture de la compensation. Il fut un temps où nous acceptions que certains maux n'aient ni explication ni cure. Nous les appelions "actes de Dieu". Ces maladies mystérieuses faisaient partie de la loterie de la vie.

"Au cours du dernier siècle, les progrès de la médecine ont permis de résoudre plusieurs de ces énigmes. Mais ces progrès ont été faits aux détriments de la profession médicale: les gens croient désormais que toutes les maladies devraient avoir une explication et une cure. Quand ce n'est pas le cas, les médecins sont blâmés."

 

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