
Le 1er novembre 2004

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Les petits hommes
Une surprise pour la science... et les humains
(Agence Science-Presse) - On dit souvent que
chaque nouveau squelette provoque une révolution.
Mais ça n'a jamais été aussi vrai qu'avec
ces petits hommes de l'île de Flores. Avec eux, il
n'y a désormais plus une seule espèce humaine
"moderne", mais trois: l'Homo Sapiens, l'homme du Néandertal,
et désormais, l'Homo Floresiensis.
Dans le milieu de la paléontologie, les rumeurs
allaient bon train depuis six mois. On savait qu'une
découverte majeure était sur le point
d'être annoncée (les premières
découvertes remontent à septembre 2003,
le squelette complet de la femme, quelques mois plus
tard). "Les rumeurs les plus folles couraient à
son sujet, c'était assurément énorme",
commente
dans Libération Jean-Jacques Hublin,
paléontologue à l'institut Max-Planck
de Leipzig.
Ces huit squelettes "constituent la plus extraordinaire
découverte de la paléo-anthropologie
depuis un demi-siècle", lance l'analyse que
publie Nature, en plus de deux articles des
chercheurs eux-mêmes (l'un sur les squelettes,
l'autre sur les autres ossements, dont ceux des éléphants-pygmées),
d'une synthèse pour le public et de textes
explorant d'autres facettes de cette découverte.
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Le
dossier Petits hommes
La
manchette
Non, la découverte en Indonésie
de ces squelettes de "petits hommes", ne signifie
pas qu'on pourrait également trouver bientôt
d'autres créatures mythiques. Mais ces petits
hommes posent de troublantes questions sur l'espèce
humaine.
Les
nouvelles
1. Une surprise pour la science... et les humains
2. Pourrait-il y avoir d'autres
explications?
3. Et s'ils étaient
encore vivants?
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"Ma mâchoire m'est tombée sur
les genoux", exprime Peter Brown, auteur principal d'un
des deux articles et paléo-anthropologue à
l'Université de Nouvelle-Angleterre, Australie.
Et c'est une mauvaise nouvelle pour les créationnistes,
signale le quotidien britannique The Guardian, puisque
cette découverte rappelle
que même notre espèce, l'espèce humaine,
n'est pas à l'abri de la diversité.
C'est une percée phénoménale
pour deux raisons: d'abord, la moins importante, cela oblige
à repenser notre arbre généalogique;
mais plusieurs crânes, tibias et dents obligent d'année
en année à déplacer une branche de
l'arbre ou à reculer l'âge de tel ou tel ancêtre.
L'autre raison, la plus importante, est d'une
nature plus profonde. Si cet Homo Floresiensis est bel et
bien un descendant rachitique des Homo Erectus, cela signifie
qu'au moins une poignée d'Homo Erectus ont réussi
à voyager sur l'eau, chose qui avait toujours été
considérée impossible en raison de la taille
de leur cerveau. Or, les Homo Erectus sont arrivés
en Asie il y a un million d'années. Au cours des
années 90, des outils de pierre vieux de 800 000
ans leur avaient été attribués sur
l'île de Flores, mais la découverte était
restée jusqu'ici contestée. Si une troisième
espèce d'humains a pu survivre aussi tardivement,
si isolée soit-elle, pourquoi pas une quatrième,
une cinquième, une sixième? Avons-nous le
droit de continuer à nous arroger l'exclusivité
de l'épithète "humains"?
"Mon sentiment, exprime
l'Australien Mike Morwood, auteur du deuxième
article et également auteur, il y a six ans, de l'hypothèse
des outils de 800 000 ans, est que de futures découvertes
archéologiques en Asie du Sud-Est vont montrer que
la dispersion des humains et leurs changements culturels
étaient beaucoup plus complexes qu'on ne le croyait
et que l'Asie a pu jouer un rôle plus important."
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