
Le 6 octobre 2004

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Les mystères du lac Vostok
(Agence Science-Presse) - Depuis plus dun
million dannées enfoui sous quatre kilomètres
de glace, le lac Vostok lève peu à peu le
rideau pour nous raconter son histoire. Depuis 1996, les
chercheurs sattachent à découvrir ce
que contient ce réservoir d'eau intouché depuis
l'époque de l'Homo erectus. Et récemment,
une équipe franco-russe a pu découvrir de
la vie à une profondeur extrême : des
bactéries, et non des moindres puisque ce sont des
bactéries thermophiles, celles que lon retrouve
habituellement au niveau de sources chaudes.
Cest après un forage au travers
de 3623 mètres de glace, qui a duré plus de
cinq ans, que les chercheurs ont pu remonter des carottes
glaciaires contenant des fragments dADN de ces bactéries.
Un doute subsistait: ces échantillons auraient pu
provenir dune contamination extérieure. Les
scientifiques ont donc pris soin pendant deux ans didentifier
chaque source de pollution possible, ce qui leur a permis
de répertorier plus de 250 bactéries éventuelles,
dont ces nouvelles venues ne faisaient pas partie.
Mais si elles sont bel et bien originaires
du lac Vostok, comment se sont-elles retrouvées plus
haut, là où la carotte glaciaire les a ramassées?
Il nexiste pas sous le lac dactivité
volcanique ou de cheminée magmatique. Ces bactéries
auraient donc été, à l'origine, terrées
au niveau de failles profondes encore actives. Lors de séismes,
ces micro-organismes furent éjectés dans le
lac puis emprisonnés dans la glace dite " de
regel " c'est-à-dire celle qui se forme
sous le glacier qui flotte.
Cette découverte ne fait quencourager
les chercheurs à aller plus loin, mais la communauté
scientifique internationale, inquiète de contaminer
un écosystème intouché depuis un million
d'années, a interdit de forer à moins de 25
mètres du lac lui-même. Pour linstant,
les risques de pollutions du lac semblent donc maîtrisés.
Mais pas complètement: pour forer à une telle
profondeur, il a fallu injecter du kérosène
dans le trou afin de le maintenir ouvert. Jean Robert Petit,
chercheur au laboratoire de glaciologie et de géophysique
de lenvironnement, assure qu'il n'y a rien à
craindre de ce côté: " la glace en
profondeur est suffisamment pure et sans fissures pour être
imperméable. Il nempêche quun jour,
nous voudrons aller voir ce que contient le lac lui-même.
" Et pour l'instant, on ne connaît aucune méthode
sûre.
Et même si un jour, une technique de
forage réunissait les conditions optimum pour éviter
tout risque de contamination, il nest pas certain
que les scientifiques découvriraient une quelconque
forme de vie dans le lac Vostok ; la quantité
de carbone, supposée " quasi absente "
étant le principal obstacle. En effet, ce lac, dépourvu
de lumière, nest alimenté que par la
fonte du glacier, lui-même très pauvre en matière
nutritive. Et cette faible quantité de carbone sera
de toutes façons consommée par la très
grande quantité doxygène.
Sans photosynthèse et sans carbone,
est-ce que la vie peut se développer ? Voilà
une question qui restera encore quelques années sans
réponse.
Eva Arlettaz
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