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SAO PAULO (Agence Science-Presse) - Le Brésil s'est lancé dans un travail inédit pour préserver son patrimoine préhistorique: une carte des 100 sites archéologiques de Lagoa Santa, région où a notamment été trouvé le plus vieux crâne des Amériques.

Cette première carte archéologique du Brésil s’adresse a priori aux chercheurs, pour les aider à se retrouver dans les 363 kilomètres carrés de la région. Mais elle s'adresse également à la population locale, pour qui une version simplifiée a été produite à 3000 exemplaires et remise à des collèges de l'État du Minas Gerais, et des bibliothèques. On espère ainsi conscientiser les gens à la préservation de ce coin du pays.

" Un des objectifs était de lui donner un format qui attire le regard, qui soit éducatif. N’importe qui réussit à distinguer l’énorme concentration de sites et des découvertes de la région, explique Luis Beethoven Piló, un des chercheurs du laboratoire de l’Institut de biosciences de l’université de São Paulo (IB/USP). Les gens doivent se rendre compte de l’importance de Lagoa Santa dans la préhistoire du Brésil et des Amériques. "

C’est avec l’aide de la technologie GPS que l’équipe dirigée par Walter Neves, de l’IB/USP, a déterminé et corrigé la localisation des 100 sites préhistoriques de Lagoa Santa, au Nord de la ville de Belo Horizonte.

Du point de vue archéologique, Lagoa Santa est privilégiée: la présence de roches calcaires favorise la formation de massifs, parois et dépressions fermées. Ce type de paysages a permis la formation d’étangs temporaires, de cavernes et d’abris sous les roches, bons endroits pour des campements humains préhistoriques.

Le plus vieil Américain

Il y a plus de 170 ans que Lagoa Santa reçoit chercheurs et aventuriers. Les fouilles ont révélé des peintures rupestres, des pointes de projectiles de quartz et céramiques, jusqu’à des os de la faune aujourd'hui disparue. Cependant, rien ne se compare à la découverte du crâne de Luzia au cours des années 1970. Ce fragment de squelette est daté de 11 000 ans.

Walter Neves suggère que Luzia et les premiers habitants de l’Amérique auraient des traits similaires aux aborigènes d’Australie et noirs africains, et non asiatiques comme le soutient traditionnellement l’archéologie. " Cela signifie qu’avant l'arrivée de la population mongoloïde (traits orientaux), une autre est entrée ", explique Walter Neves, il y a 14 000 ans.

Sa théorie est loin de faire l’unanimité parmi ses pairs, particulièrement chez les Américains. Ils rétorquent que Luzia pourrait être une anomalie. Pourtant, Lagoa Santa a déjà fourni 75 crânes exhibant une anatomie similaire à Luzia. Bien que frustré, on sent une petite pointe d’orgueil chez lui. " Ce n’est pas souvent que les idées d’un Brésilien ont des répercussions à l’extérieur ": Lagoa Santa a occupé les pages de plusieurs publications de haut niveau en archéologie, et ce n'est sans doute pas fini.

Marc Gallichan

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