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semaine du 5 avril 2004



Un amour de rat

Il provoque le dégoût, il transmet des maladies, il vide les poubelles... Mais les scientifiques l'adorent. Le rat est leur préféré. Et pour cause: il est notre cousin pas si éloigné.

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Il vient même d'atteindre un statut encore plus privilégié: le rat est devenu la semaine dernière le troisième mammifère dont le génome a été "cartographié". Après la souris et l'humain. Une occasion de mettre chapeau bas devant ce petit rongeur qui, depuis maintenant deux siècles, a beaucoup sacrifié –et été sacrifié!– pour la science.

Le rat est en effet le modèle animal le plus fiable que l'on connaisse pour les maladies cardiovasculaires humaines. Et pour le diabète. Et l'arthrite. Et la haute pression. Et pour plusieurs troubles du comportement, du vertige jusqu'à la dépression. Dans tous ces domaines, et d'autres encore, la physiologie du rat est suffisamment –parfois, étonnamment– similaire à la nôtre pour en faire un tel modèle.

Pour son plus grand malheur. Car des générations de rats ont dû subir des assauts de produits toxiques, de médicaments expérimentaux, de cancers provoqués, de gènes manipulés. C'est grâce à ces assauts que des traitements anti-cancer, anti-sida, anti-tout, ont pu être commercialisés, qu'on en a appris davantage sur les mécanismes du cerveau derrière la toxicomanie, et que des gouvernements ont été obligés de retirer de la circulation des produits toxiques.

Même les biologistes du comportement préfèrent le rat à la souris domestique. Le rat, ceux qui n'en ont jamais élevé un seront surpris de l'apprendre, est moins agressif que la souris: cela est dû à sa structure sociale plus souple que celle de la souris, où un mâle alpha monopolise les femelles. Et le rat, expériences à l'appui, est plus intelligent: il apprend plus vite et retient ses leçons.

Il pourrait donc paraître étonnant que la souris l'ait précédé sur la pente du décodage du génome. La responsabilité en revient aux généticiens eux-mêmes qui, à partir du début des années 1990, moins habitués aux rats que leurs collègues biologistes, ont apprécié de la souris le fait qu'elle se reproduise plus vite: ce qui est plus pratique lorsqu'on se met à jouer avec les gènes et qu'on est pressé de savoir quelle conséquence cela aura sur la génération suivante.

Par la suite, à partir du milieu des années 1990, les généticiens se sont heurtés à des difficultés imprévues sur les rats. Isoler leurs cellules-souches d'embryons s'est avéré impossible, et le clonage reste encore exceptionnellement difficile, pour des raisons qui demeurent obscures. Ce n'est que l'automne dernier qu'une équipe française dirigée par Jean-Paul Renard, de l'Institut national de recherche agronomique, a annoncé les premiers rats clonés. Cette percée, ajoutée au décodage du génome, permettra au rat de regagner sa place d'honneur dans les laboratoires.

"Les scientifiques seront capables de choisir leur animal en fonction de critères biologiques plutôt que techniques, explique dans Nature Howard Jacob, généticien du rat au Collège médical du Wisconsin. Le fait de pouvoir comparer les génomes du rat et de la souris avec celui de l'humain fournira une base solide... pour des maladies humaines."

Le rat brun de Norvège (Rattus Norvegicus), l'espèce dont le génome a été séquencé, est l'une des 300 lignées de rats connues, et la plus populaire des chercheurs. La séquence comporte 25 000 gènes, et quelque 90% sont communs à l'humain. Y compris les gènes associés, en tout ou en partie, aux maladies citées plus haut –et c'est là, évidemment, ce qui intéresse les compagnies pharmaceutiques qui financeront les futurs travaux.

Le résultat final, publié en grandes pompes dans la dernière édition de la revue britannique Nature, est le fruit d'un consortium international (20 institutions dans six pays), le Rat Genome Sequencing Consortium (http://www.hgsc.bcm.tmc.edu/projects/rat), sous la direction de Richard Gibbs, du Collège Baylor de médecine à Houston (Texas).

Entre autres futurs travaux: Howard Jacob dirige le programme PhysGen (http://pga.mcw.edu) qui, financé par les National Institutes of Health des Etats-Unis, vise à développer des lignées de rats différant spécifiquement par un gène, afin d'en détailler les changements physiologiques et les maladies caractéristiques, s'il y en a. D'autres travaillent à créer des lignées de rats chez lesquelles on provoque des mutations au moyen d'un composé chimique, dans le but de désactiver des gènes liés au cancer du sein.

La compagnie allemande Ingenium Pharmaceuticals travaille là-dessus depuis un an, et elle a sauvé un temps fou, souligne Nature, parce que les données sur le génome du rat ont été déposées au fur et à mesure dans une base de données publique –une réalité qui ne semblait pas du tout évidente au temps, pas si lointain, de la concurrence entre privé et public pour le décodage du génome humain. La génomique est peut-être devenue adulte...

 

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