
Le 6 décembre
2004

Retour
au sommaire des capsules
Un projet international pour le prix de... deux!
(Agence Science-Presse) - Ca aurait dû
être le plus gros projet scientifique international
depuis la station spatiale. C'est en train de devenir le
symbole des conflits entre les Etats-Unis et la "vieille
Europe". ITER, ce projet de réacteur à fusion
nucléaire, pourrait bien se retrouver en deux exemplaires,
au grand dam des physiciens qui espéraient concentrer
leurs énergies.
Le projet est en route depuis 15 ans, mais
il y a maintenant un an qu'il est dans l'impasse. Deux sites
"finalistes" avaient alors été retenus
par le consortium international: l'un, dans le Sud de la
France, à Cadarache, l'autre, dans le Nord du Japon,
à Rokkasho. Le site français est appuyé
par l'Europe, la Chine et la Russie; le site japonais, par
les États-Unis et la Corée du Sud. Et il est
difficile de ne pas voir dans cette impasse le résultat
de la mauvaise humeur de Washington face aux positions européennes,
et surtout françaises, dans la guerre en Irak.
Mais ITER (International Thermonuclear Experimental
Reactor) n'est pas un simple projet scientifique: c'est
la plus importante collaboration scientifique internationale
à l'heure actuelle; en physique, c'est sans doute
la plus importante depuis celle qui a donné naissance
à la bombe atomique. ITER, ce sera un prototype de
réacteur permettant de tester les technologies qui
permettront dans 50 ans si tout va bien de fabriquer
des réacteurs nucléaires à fusion qui
soient commercialisables.
Et la fusion nucléaire, c'est rien
de moins que l'énergie inépuisable qui alimente
notre Soleil depuis 5 milliards d'années (les réacteurs
nucléaires actuels fonctionnent sur le principe de
la fission, qui génère davantage de déchets).
L'enjeu est donc énorme, mais les coûts
le sont aussi. C'est pourquoi le plus grand nombre de partenaires
internationaux possible est nécessaire à un
tel projet, afin d'en limiter les risques d'autant
plus qu'une partie de ces espoirs d'énergies inépuisables
reposent encore sur de la théorie.
Or, voilà que devant
l'impasse, l'Europe menace
d'aller seule de l'avant avec "son" projet ITER à
Cadarache. Réunis le 26 novembre en Angleterre, à
Cambridge, les ministres européens ont accepté
la possibilité qu'il faille, d'ici juin, entamer
la construction du réacteur expérimental sans
l'ensemble de ses partenaires internationaux, si cela devient
la seule façon de sortir de l'impasse.
Des deux côtés, on
proclame que la porte est toujours ouverte à
des négociations. Mais la
seule chose qui semble non-négociable, c'est
le site.
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|