
Le 9 février 2004

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Projet Lune-Mars: et la science, dans tout ça?
(Agence Science-Presse) - Supposons, pendant
juste une minute, que le projet Lune-Mars du président
Bush décolle vraiment. Quelle place y occupera la
science? Pas une grande place, à en juger par l'histoire:
"50 années d'exploration spatiale ont vu la contribution
des humains à la science spatiale rétrécir
à mesure qu'augmentait le coût pour mettre
en orbite un humain", résume la revue Science
elle-même.
Autrement dit: pendant 50 ans, alors que les
robots envoyés là-haut devenaient de plus
en plus efficaces, il en a coûté de plus en
plus cher pour envoyer un humain avec de moins en moins
de retombées. Et cette analyse vaut autant pour les
missions Voyager vers les planètes lointaines
que pour les satellites de télédétection,
de météo et de communications qui tournent
inlassablement au-dessus de nos têtes. Sans parler
du télescope spatial Hubble qui a fait faire des
bonds de géants à l'astronomie.
Si le président George W. Bush espérait,
avec son projet lunaire-martien, passer à l'histoire
comme le John F. Kennedy des années 2000, il s'est
mis le doigt dans l'oeil. Son projet a été
non seulement accueilli d'un oeil très critique par
les scientifiques, comme en fait foi cet éditorial
de la revue Science, et la série d'articles
qui l'accompagnent. Mais même le public ne semble
pas vouloir embarquer. "L'exploration humaine est-elle toujours
requise pour remporter l'adhésion du public", demande
Donald Kennedy, rédacteur en chef de cette revue
de scientifiques. "Nous ne croyons pas. Il est temps de
défier cette dichotomie entre exploration robotique
et humaine de l'expace et de mettre en valeur la science
qu'une exploration robotique peut apporter. C'est l'année
ou jamais pour le faire."
Pourquoi l'année ou jamais? Parce qu'il
y a ce projet déposé par le président
Bush. Et parce que la Nasa était de toutes façons
en pleine redéfinition: encore des navettes ou pas
de navettes? Que faire avec la station spatiale? A quoi
ressembleront les futurs télescopes spatiaux?
Or, en dépit de toutes les réserves,
le projet du président Bush est sur la table pour
au moins un an encore. De sorte qu'au cours des prochains
mois, des ingénieurs et des scientifiques parmi les
plus crédibles de la communauté des sciences
devront
plancher sur ce projet et en asseoir les fondations.
Ce qui se passera dans ces bureaux et
à la Maison-Blanche pendant la prochaine année
pourrait bien déterminer ce qui se passera dans le
prochain quart de siècle. Si la Nasa s'engage sur
une fausse piste, elle pourrait bien être encore en
train d'en payer le prix en 2020.
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