Page d'accueil

L'événement de la semaine


Pour tout trouver sur Internet


Tous les médias en un clin d'oeil


Nos nouvelles brèves
  
  


Plus de 1500 questions





Hommage à...
Le monde delon GOLDSTYN
La science ne vous interesse pas?
Dossiers
Promenades






semaine du 9 février 2004



La grippe du XXIe siècle

La dévastatrice grippe espagnole de 1918 était une grippe aviaire. Mais la grippe aviaire de 2004 ne peut pas devenir aussi dévastatrice que celle de 1918. Deux affirmations venues de deux groupes différents. Qui croire?

Que pensez-vous de cette nouvelle?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito


La grande question à laquelle sont confrontés les scientifiques est bien simple: l'actuelle grippe du poulet pourrait-elle subir une mutation qui en ferait une grippe "humaine"? Après tout, disent les pessimistes, c'est déjà commencé: le virus en question, le H5N1, connu des vétérinaires depuis longtemps, a déjà subi une première mutation, puisqu'il est capable, à l'occasion, de se transmettre de poulet à humain. Ne serait-ce que l'affaire d'un autre petit gène pour que ce virus devienne transmissible d'humain à humain?

On a un instant cru, le 1er février, que deux patientes du Vietnam (voir ce texte), étaient les premières à s'être ainsi transmises la grippe aviaire. C'était une fausse alerte. Mais les services de santé de la planète sont sur les dents.

Et ils vont l'être plus encore à présent qu'une étude parue dans la dernière édition de la revue américaine Science est arrivée à la conclusion que la grippe espagnole, qui fit au moins 20 millions de morts en 1918-1919, était une forme de grippe aviaire: autrement dit, jadis comme aujourd'hui, il s'agissait d'une variante du virus de la grippe qui était parvenue à "sauter" de la volaille aux humains.

On savait déjà que cette grippe était née en Chine, probablement dans la région de Canton, en février 1918. Elle n'a été appelée "espagnole" que parce que l'Espagne a été le premier pays, en mai 1918, à admettre son existence –les autres pays, alors en pleine Première guerre mondiale, ont préféré taire le plus longtemps possible l'existence de l'épidémie, pour ne pas miner le moral de leurs populations.

Ce que l'étude de Science met en lumière, c'est la structure de ce virus de 1918. Et du même coup, le mécanisme par lequel ce virus, à l'origine attaché à la volaille, est parvenu à s'attacher aux humains.

En chiffres

Grippe espagnole (1918-1919): au moins 20 millions de morts

Grippe du poulet (2003-2004): 11 ou 12 morts

Poulets abattus: 20 millions dans 8 pays

Délai minimal pour un vaccin: un an.
Des laboratoires d'Atlanta, de Memphis et de Londres, travaillent de concert avec l'Organisation mondiale de la santé, à un vaccin. Un prototype pourrait être testé contre des furets d'ici avril. Si ces tests s'avèrent concluants, la formule sera confiée à des compagnies pharmaceutiques, capables de procéder en vitesse à des tests sur des humains: il faudra alors deux autres mois. Si dans l'intervalle, le virus a commencé à se répandre chez les humains, une production de masse pourrait être entreprise, mais nécessiterait de quatre à six mois.

Durée de la "première vague" d'assaut du virus, lors d'une épidémie: quatre à dix mois

 

Le virus de la grippe utilise d'ordinaire des molécules appelées hémagglutines (HA), pour s'aggriper à des récepteurs situés à la surface des cellules que ce virus s'apprête à infecter. Les HA du virus de la grippe de la volaille et les HA du virus de la grippe des humains n'interagissent pas avec les mêmes récepteurs, ce qui explique qu'en temps normal, la grippe de la volaille ne touche pas les humains. Or, en 1918, il aura suffi d'une minuscule mutation dans la structure des HA pour que le virus de la volaille "s'attache" aux humains.

En conséquence, pourquoi ce processus ne serait-il pas sur le point de se répéter? Imaginons en effet le scénario du pire: le virus aviaire, appelons-le Albert, tout en infectant un humain, rencontre soudain, à l'intérieur d'une cellule humaine, le virus "humain" de la grippe, appelons-le Hubert. Albert et Hubert mélangent leurs gènes, et la nouvelle version du virus qui en résulte peut soudain se propager d'humain à humain, comme en 1918.

Scénario peu probable, préviennent aussitôt les auteurs de la recherche, attachés à l'Institut national de recherche médicale. Que les choses se soient produites ainsi en 1918 n'éclaire en rien sur les "stratégies" qu'utilise ou qu'utilisera la version 2004 de la grippe aviaire. L'immense variété de mutations subies par le virus de la grippe, depuis qu'on l'étudie, en témoigne. Et la plupart de ces mutations sont inoffensives. En conséquence, il serait tout à fait possible que le virus H5N1 devienne transmissible entre humains... sans qu'il ne soit pour autant mortel.

C'est évidemment ce que souhaitent les services de santé. Parce que s'il subissait une mutation telle qu'il serait aussi dévastateur qu'en 1918, cela voudrait également dire que les vaccins actuels seraient inutiles. Et si on devait en arriver là, alors les hôpitaux seraient rapidement submergés.

 

 

En manchette la semaine dernière:
L'incompétence du poulet

A lire également cette semaine:
Le désir se passe entre les deux oreilles

L'homme de Kennewick penche pour la science

Howard Dean: la défaite d'un rêve Internet

Notre cerveau de chimpanzé

Une planète oxygénée

Et plus encore...


Archives des manchettes




 
Accueil | Hebdo-Science | plan du site