
Le 9 février 2004

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Une planète oxygénée
(Agence Science-Presse) - Il y a huit ans
et demi, des astronomes détectaient la première
planète tournant autour d'une étoile autre
que notre Soleil. Depuis, une centaine se sont ajoutées
à la liste. Et voici qu'on détecte pour
la première fois la composition d'une atmosphère
autour d'une de ces planètes.
Inutile de se lancer dans d'interminables
spéculations, cette atmosphère n'est en rien
propice à la vie. En fait, la planète elle-même
n'est en rien propice à la vie: d'une part, il s'agit
d'une gigantesque boule de gaz, comme Jupiter, et d'autre
part, elle n'est qu'à six millions et demi de kilomètres
de son étoile, soit quinze fois moins que la distance
Terre-Soleil.
Mais détecter une atmosphère
est un exploit, quand on songe aux distances. Cette étoile,
semblable à notre Soleil et qui porte le numéro
de code HD209458, est à 150 années-lumière
d'ici, avec pour résultat qu'elle n'est déjà
pas un très gros point de lumière dans les
télescopes. Et sa planète, même grosse
comme Jupiter, est tout de même des milliers de fois
plus petite.
En fait, on est même incapable de voir
directement cette planète, comme la centaine d'autres
recensées depuis 1995. On ne fait que détecter
indirectement leur présence, soit grâce aux
infimes perturbations qu'elles provoquent sur leur étoile
en lui tournant autour, soit grâce à une infime
variation de la lumière de cette étoile lorsque
la planète passe exactement entre l'étoile
et nous (c'est le cas de cette planète-ci, découverte
pour cette raison en 1999).
Ce sont de tout aussi infimes variations,
sous la forme d'atomes d'oxygène et de carbone, qu'a
détectées le télescope spatial Hubble.
Le truc est le suivant: rappelez-vous tout
d'abord que chaque atome dans l'Univers se trahit par la
partie du spectre de la lumière qu'il absorbe. Ainsi,
lorsque cette planète est passée entre son
étoile et nous, les lignes d'absorption dans le spectre
ultraviolet ont révélé la présence
d'oxygène et de carbone répandus sur 8 à
15% du disque de l'étoile (l'oxygène est un
élément très courant dans le cosmos).
Or, la planète elle-même, ont constaté
les astronomes, a apparemment bloqué moins de 2%
de ce spectre, ce qui indiquerait la présence d'oxygène
et de carbone aussi dans son atmosphère.
Dans la haute atmosphère pour être
exact, et ces éléments chimiques sont répartis
suivant une forme elliptique, ce qui indiquerait
un phénomène d'évaporation à
très haute vitesse (35 000 kilomètres
à l'heure): en d'autres termes, le gaz "fuit" vers
l'espace. Si cela se confirme, c'est une autre première
pour les astronomes.
Et les astronomes sont déjà
en train de forger une théorie pour cette fuite:
la chaleur extrême qui doit régner là-bas,
compte tenu de la distance suicidaire à laquelle
cette planète se tient de son étoile.
Les découvreurs forment l'une de ces
équipes internationales qui traquent les planètes
extra-solaires depuis la première découverte,
en 1995. Il s'agit dans ce cas-ci de l'équipe d'Alfred
Vidal-Madjar, de l'Institut d'astrophysique de Paris. C'est
également à eux qu'on doit la découverte
d'hydrogène autour de cette même planète,
en 2003. Leurs résultats paraissent dans les Astrophysical
Journal Letters.
Pour les astronomes qui chassent ces planètes
depuis sept ans, c'est un pas de plus dans la connaissance
de ces mondes très lointains. Une porte ouverte sur
des promesses d'autres découvertes.
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