
Le 13 janvier 2004

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Résolution 2004: devenez une masse critique
(Agence Science-Presse) - L'année 2004
est à peine commencée et, déjà,
une première prévision apocalyptique nous
tombe dessus. Un million d'espèces seront menacées
de disparition d'ici 50 ans! Et pourtant, déjà,
on l'a oubliée.
L'étude, qui est parue dans l'édition
du 7 janvier de la revue britannique Nature, a en
effet fait le tour de la planète en 24 heures...
et puis, on est passé à autre chose. Or, c'est
justement la brièveté -prévisible-
de cette attention qui explique l'insistance des auteurs.
Car en soi, ces auteurs n'ont rien découvert:
ils n'ont fait qu'insister sur ce que les observateurs de
la scène environnementale savent déjà:
la dégradation de l'environnement, associée
à la hausse des températures, menace la survie
de nombre d'habitats. Et ceci en retour menace la survie
de nombre d'espèces, des insectes aux oiseaux en
passant par quelques reptiles et mammifères, ont
constaté ces chercheurs en s'attardant plus précisément
à 1103 espèces. Jusque-là, rien
d'inattendu.
Tout au plus les auteurs une équipe
internationale de 19 scientifiques, dirigée par Chris
Thomas, de l'Université de Leeds, en Angleterre
ont-ils mis un chiffre de nature à frapper l'imagination:
jusqu'au
quart des espèces vivant sur la terre ferme seront
menacées d'ici 50 ans, selon leur scénario
du pire. Soit
un million d'espèces animales et végétales,
si on se fie aux estimations les plus prudentes du nombre
total d'espèces vivant sur la terre ferme.
Un chiffre hallucinant. Mais même pour
la majorité des gens qui l'ont lu et en ont été
choqués, la vie continue, commente avec cynisme le
chroniqueur environnemental de la BBC. Face à
des annonces dramatiques qui se succèdent depuis
des années, "la plupart d'entre nous se soucient
davantage du paiement des factures de Noël que de l'éradication
d'un quart des espèces animales et végétales
de la planète".
D'où la nécessité pour
les scientifiques d'insister encore et encore. D'aborder
le même problème -en l'occurrence, la disparition
des espèces- mais sous un angle chaque fois nouveau,
en espérant qu'à force de taper sur le même
clou, quelqu'un va finir par réagir.
"Le problème avec les changements imperceptibles,
c'est que pendant un long moment, ils n'ont virtuellement
aucun impact, en tout cas pas sur l'échelle politique,
qui est de quatre ou cinq ans. Et les politiciens répondent
(souvent) à ce qui, croient-ils, compte pour les
électeurs."
Or, les électeurs sont plutôt
apathiques sur la question. Pas parce qu'ils ne croient
pas que la Terre soit bouleversée par l'action humaine.
Mais la plupart ne voient pas par quel bout prendre le problème,
ni même s'ils ont un quelconque pouvoir de changement.
Et pourtant, leur rappelle la BBC: nous pouvons
changer de façon aussi imprévisible que la
nature. Qui aurait prédit la fin pacifique de l'apartheid
en Afrique du Sud, ou l'effondrement de l'Union soviétique?
Lorsqu'un nombre suffisant d'entre nous a
changé imperceptiblement, le résultat est
une masse critique qui peut, à elle seule, entraîner
des changements très rapides. L'Agence Science-Presse
souhaite que ceci soit la résolution de l'année
2004.
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