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semaine du 12 janvier 2004



Pourquoi Mars?

Alors que le président Bush s'apprête à nous faire entrer dans une nouvelle phase de l'exploration spatiale, la question resurgit: pourquoi le cosmos, au fait? Entre la tragédie de Columbia, l'échec probable de Beagle 2 et le quasi-milliard de dollars qu'il a fallu pour envoyer uniquement deux petites sondes, Spirit et Opportunity, sur Mars, avons-nous les moyens d'aller là-haut?

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La question resurgit, en cette semaine où le président américain George Bush annonce de nouveaux projets de conquête de l'espace. De nouveaux projets censés fouetter l'ardeur et la fierté nationale. Mais surtout, de nouveaux projets qui serviront à sortir la Nasa de l'impasse où elle est plongée depuis des années avec les navettes spatiales -une technologie des années 70, qui n'a jamais rempli ses promesses- et avec la station spatiale -dont les retombées scientifiques, peu évidentes, sont pratiquement tombées au point zéro, depuis que son équipage a été limité à trois personnes, puis à deux (voir ce texte).

Et des projets qui serviront grandement l'industrie. Car si la navette et la station spatiale sont vouées à disparaître d'ici 2010, il y a deux géants de l'aérospatiale qui vont s'en mordre les pouces: Lockheed Martin (gestionnaire du programme de la navette) et Boeing (principal contractant pour la station). Or, si les États-Unis se lancent dans une nouvelle phase de l'exploration spatiale, en vue d'une colonisation de la Lune d'abord et de Mars ensuite, il y aura deux compagnies qui en retireront de judicieux bénéfices: Lockheed Martin et Boeing.

Il n'y a pas que Lockheed et Boeing en lice. Au cours des années 90, la chaîne Hilton a déposé le projet d'un hôtel pour millionnaires sur la Lune, un intérêt manifesté tout aussi sérieusement par la firme de construction japonaise Shimizu. D'autres ont fait des prévisions budgétaires en vue de l'extraction de minerais sur notre satellite ou la construction de gigantesques collecteurs d'énergie solaire, énergie qui serait ensuite relayée vers la Terre. Ces projets et bien d'autres, réalistes ou pas, auraient pour avantage d'amener des compagnies à investir elles aussi dans l'exploration spatiale, créant ainsi de l'emploi pour des ingénieurs et des techniciens.

Et ces derniers auront bien besoin de ces emplois, si la navette et la station approchent de leur mort: car le centre spatial Kennedy, en Floride, lorsqu'il fonctionne à plein rendement, emploie quelque 14 000 personnes et envoie chaque année 1,4 milliard$ dans l'économie floridienne, selon une estimation du New York Times.

Les observateurs, eux, font part de leur fort scepticisme, depuis que les fuites sur cette annonce du président Bush ont commencé à circuler, en décembre (voir ce texte). Envoyer des humains sur la Lune et sur Mars, même si on étale cela sur un quart de siècle, coûtera une fortune. George Bush père avait lui-même mis sur la table un tel projet, en 1989: on estimait alors les coûts d'un retour sur la Lune entre 400 et 500 milliards$. Le Congrès avait rejeté l'idée. Le Congrès actuel pourrait d'ailleurs rejeter la version 2004 de cette idée: mais en attendant, elle aura été mise sur la table, à temps pour les élections présidentielles de novembre prochain.

Or, les responsables de ces fuites calculées, autant à la Maison-Blanche que dans le milieu scientifique, ont été très vagues sur la question des coûts: quelqu'un comme Bruce Murray, ancien directeur du Jet Propulsion Laboratory, a souligné avec optimisme le fait que l'hydrogène et l'oxygène martiens fourniraient en abondance le carburant nécessaire au voyage de retour... mais il a éludé ce que coûterait toute la préparation du voyage!

Et ce, alors que la station spatiale vit une fuite d'air qui n'a toujours pas été colmatée (voir ce texte). Alors que le Pentagone n'arrive pas, après deux ans, à mettre au point un système de défense spatial qui soit fiable. Alors que la nouvelle génération de satellites-espions, pourtant censée être la crème de la technologie, est en retard sur le calendrier. Bref, disent les experts de tous bords interrogés depuis décembre, la Nasa et, avec elle, la communauté spatiale, souffre de plusieurs lacunes profondes, vit essentiellement sur sa gloire passée et n'a pas les moyens de préparer quelque chose d'aussi ambitieux qu'une base lunaire.

Ce n'est pas de nouveaux budgets dont a besoin la Nasa, mais de nouvelles têtes, selon Rick Tumlinson, fondateur de la Space Frontier Foundation, groupe privé promoteur de l'exploration spatiale. Une nouvelle génération de dirigeants, ajoute l'ingénieur Jerry Grey, directeur de l'American Institute of Astronautics and Aeronautics, avec une nouvelle génération de technologies: pour les moteurs ioniques, pour l'entreposage de l'air et des aliments, pour les communications, pour la protection anti-radiations, etc.

Une nouvelle "culture d'entreprise" devrait voir le jour à la Nasa, comme l'évoquait la commission d'enquête sur l'accident de Columbia. Sans quoi, on se lance dans un projet à long terme qui, en 2020, sera peut-être tout aussi discrédité que les navettes le sont aujourd'hui.

Pascal Lapointe

 

 

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