Le 13 avril 2004
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Mars: de l'eau, mais combien?
(Agence Science-Presse) - Très bien.
Cette fois, c'est clair et net: il y a de l'eau sur Mars.
Reste à savoir en quelle quantité.
Et pour répondre à cette question,
peut-être faut-il faire un long détour par
le très lointain passé, en commençant
par se demander combien d'eau il y a déjà
eu sur Mars. Ce serait une donnée drôlement
importante pour mesurer l'ampleur de la catastrophe écologique
à cause de laquelle presque toute cette eau est aujourd'hui
disparue de la planète rouge.
Jusqu'à cette année, les chercheurs
avaient de multiples photographies et de multiples analyses
menées du haut des airs pour échafauder hypothèses
sur hypothèses. Cette année, pour la toute
première fois, ils ont eu des confirmations solides:
grâce au robot américain Opportunity, il a
été confirmé qu'il y avait jadis eu
de l'eau sur Mars. Et surtout, grâce à la sonde
européenne Mars Express, en orbite, on a eu la confirmation,
à la fin-janvier, qu'il y a actuellement de l'eau
glacée au Pôle Sud.
Dans les deux cas, ces annonces n'ont pas
été des surprises: les astronomes et les planétologues
en attendaient la confirmation depuis un quart de siècle.
Mais la publication des données détaillées
de la sonde Mars Express, cette semaine dans la revue britannique
Nature, est le prétexte à une longue
mise en contexte publiée dans cette même revue.
Ainsi, y rappelle Timothy Titus, du Service
géologique américain, avant l'arrivée
du premier capteur de chaleur en orbite martienne, en 1969,
les savants et le grand public avaient déduit
des photos montrant là-bas des calottes glaciaires
qu'il y avait de l'eau gelée. Ce fut donc une des
plus grandes déceptions de l'histoire de l'astronomie
lorsque ce capteur, à bord de la sonde américaine
Mariner 7, démontra que cette glace était
en fait de la glace carbonique du CO2 et non
de l'eau.
Au fil du temps, d'autres analystes ont affirmé
que leurs données thermiques démontraient
pourtant bel et bien la présence d'eau au milieu
de cette glace carbonique, mais jamais ces données
n'ont pu être vérifiées de façon
indépendante. Jusqu'à cette année.
Dès lors, le débat se transpose
à un autre niveau. Combien d'eau? Jusque-là,
les experts en étaient réduits à conjecturer
sur le pourcentage de glace d'eau versus le pourcentage
de glace carbonique. A présent, grâce à
Mars Express, écrivent dans Nature Jean-Pierre
Bibring, de l'Institut d'astrophysique spatiale à
Orsay, et ses collègues français, italiens
et russes, il est possible d'affirmer que cette glace d'eau
n'est pas éparse, mais répandue partout où
peut "voir" le spectrographe de Mars Express. Ce qui permet
d'affirmer du même coup qu'il doit y en avoir bien
plus que l'il ne peut en voir.
Autrement dit, écrit Titus, l'eau glacée
identifiée ici "n'est probablement que la pointe
de l'iceberg".
Cette présence notable d'eau démontre
autre chose. C'est que la calotte glaciaire du Pôle
Sud n'est pas un aussi grand réservoir de glace carbonique
qu'on l'avait craint. Et que s'il faut chercher quelque
part un coupable de la disparition de l'eau martienne du
temps jadis, ce n'est pas dans ce CO2 martien, ou ce qu'il
en reste, qu'on va le trouver.
La suite au prochain dévoilement de
données de Mars Express, ou de son successeur.
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