
Le 13 avril 2004

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Petite histoire des gènes de l'asthme
(Agence Science-Presse) - Une décennie
de travail, des équipes sur deux continents, et tout
ça pour identifier, en bout de ligne, deux gènes.
Non les moindres, il est vrai: deux gènes liés
à l'asthme. Mais comme si la nature voulait nous
rappeler qu'elle garde encore des tours dans son sac, on
s'empresse d'ajouter: deux des nombreux gènes
liés à l'asthme.
Les généticiens ignorent encore
quel rôle ces gènes jouent dans l'asthme, s'empresse
de préciser, dès le deuxième paragraphe,
la revue américaine Science, dans l'analyse
qu'elle publie de cette découverte.
Comme quoi les dizaines de millions d'asthmatiques de la
planète ont intérêt à ne pas
attendre un miracle.
Par contre, il y a tout de même un point
positif: parmi toutes les associations présumées
entre génétique et asthme ces dernières
années, c'est
la plus solide. Les chercheurs finnois et québécois
qui sont derrière ces deux nouveaux gènes
y ont en effet mis le prix: ils ont comparé l'ADN
de 900 Finnois et 400 Québécois, asthmatiques
et non-asthmatiques, afin de s'assurer qu'il ne s'agissait
pas d'une anomalie régionale. Et les Finnois, dirigés
par le généticien moléculaire Juha
Kere, de l'Université d'Helsinki, étaient
sur la piste d'une séquence de 20 millions de paires
de base depuis le milieu des années 90.
La Finlande leur offrait un laboratoire idéal
pour ce type de quête: sa population ayant été
relativement isolée pendant des siècles, il
devenait plus facile de retrouver cette séquence
génétique chez leurs concitoyens. Ils ont
effectivement fini par isoler sept séquences-clefs
de l'ADN, appelées haplotytes, dans la "région"
recherchée. Trois de ces séquences étaient
associés à l'asthme: plus de la moitié
des asthmatiques en étaient porteurs, contre le tiers
des non-asthmatiques.
En revanche, il fallait ensuite s'assurer
qu'on puisse trouver ces séquences chez une autre
population relativement isolée par les siècles,
et c'est là que les Québécois sont
entrés en scène. Sous la direction de Thomas
Hudson, de l'Université McGill, une des "célébrités"
en matière de génétique au Québec,
et expert en haplotyte il faut le faire, la discipline
étant à peine plus vieille que le décodage
du génome humain quelque 400 échantillons
ont été recueillis chez des asthmatiques et
des non-asthmatiques québécois.
Et ces échantillons ont confirmé
l'intuition finlandaise: trois des haplotytes sont associés
à une plus grande susceptibilité à
développer l'asthme. Pour être plus précis,
les gens qui sont porteurs d'un de ces trois haplotypes
sont deux fois et demi plus à risque que les autres
de développer de l'asthme.
Les chercheurs ne sont pas pour autant sortis
de l'auberge, puisque des deux gènes liés
à ces haplotytes, l'un est un "mystère complet":
il ne produit pas de protéine, de sorte que les chercheurs
sont incapables de déduire en quoi il est lié
à l'asthme. Les statistiques disent simplement qu'il
l'est. L'autre, heureusement, appelé GPRA, produit
effectivement une protéine qui a démontré
son utilité comme cible pour un médicament.
Déjà, l'équipe finlandaise
a fondé une compagnie qui est devenue détentrice
d'un brevet pour la protéine GPRA. La suite, peut-être,
un jour dans les pages économiques de votre journal
préféré...
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