
Le 19 juillet 2004

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Le pari de Stephen Hawking tombe dans un trou noir
(Agence Science-Presse) - Sur le site web
de la revue Nature, ce titre: Hawking change d'avis
à propos des trous noirs. En quoi est-il à
ce point important que Stephen Hawking, tout grand physicien
qu'il soit, change d'avis?
De fait, l'histoire commence plus près
de l'anecdote que de la science. Stephen Hawking fut, dans
les années 70, un pionnier de la théorie des
trous noirs. La théorie fait aujourd'hui consensus
parmi les physiciens: les trous noirs sont des objets si
massifs que rien ne peut s'en échapper, pas même
la lumière. Avec une nuance, anodine aux yeux des
profanes mais fondamentale pour l'avenir de la physique:
certains de ces scientifiques, comme John Preskill, de l'Institut
de technologie de Californie, croient que l'information
constituant un objet n'est pas détruite lorsque celui-ci
est écrasé par le trou noir, et qu'elle peut
par conséquent être récupérée.
Stephen Hawking, lui, a affirmé le contraire, et
a même parié là-dessus avec Preskill.
Qu'il revienne sur sa position étonnera
les physiciens, réagit son collègue Gary Gibbons,
mais "sa façon de faire de la science est ainsi.
Il propose une théorie et la défend jusqu'à
la dernière énergie, jusqu'à ce qu'elle
soit renversée par un meilleur raisonnement."
Or, derrière ce pari anodin se cache
l'écart, fondamental pour la compréhension
du cosmos, entre la théorie de la Relativité
d'Einstein, qui décrit l'Univers tel que nous le
connaissons (et à l'intérieur duquel rien
ne peut s'échapper d'un point infiniment dense, comme
un trou noir), et la physique quantique, qui décrit
l'Univers à son échelle infiniment petite.
Si ce que défendait Hawking jusqu'ici était
scrupuleusement en accord avec Einstein, la physique quantique,
elle, aussi étrange que cela paraisse, prédisait
que tout processus peut être "rejoué" à
l'envers.
Ce qui signifie, en théorie, que les
conditions de départ (par exemple, l'information
définissant un objet) peuvent être déduites
du produit final. Ce qui signifie, toujours en théorie,
qu'un trou noir doive "emmagasiner" d'une façon ou
d'une autre l'information sur les objets qui lui sont tombés
dedans.
Tout cela semble bien obscur? Certes, mais
tout cela s'inscrit à l'intérieur du gigantesque
effort mené par les physiciens, incluant Hawking,
depuis un quart de siècle, pour allier la physique
"classique" dont celle d'Einstein avec la physique
quantique, afin d'en dégager une ou des grandes lois
sur le fonctionnement de notre cosmos. Hawking appelle cela
la théorie de la gravité quantique,
et il doit présenter ses dernières idées
là-dessus cette semaine, au 17e Congrès
international sur la Relativité générale
et la gravitation, à Dublin.
Le prix de son pari avec John Preskill: une
encyclopédie... de laquelle nulle information ne
peut s'échapper.
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