Armstrong:
Tu te tiens sur une roche,
une grosse roche juste-là.
Aldrin:
Je ny vois pas grand-chose
[à lombre du LEM]
lorsque ma visière nest
pas relevée. Cest
vraiment sombre. Il semble y avoir
une roche très plate. Incidemment,
les roches ont une surface très
poudreuse... Elles sont très
glissantes.
Ils
ont marché ou plutôt
sautillé à cause de
la faible gravité, un sixième
de la nôtre. Ils ont ramassé
des cailloux qui ont fait la joie
des géologues, ils ont pris
des photos qui sont passées
à l'histoire, ils ont déposé
quelques instruments scientifiques.
En tout, ils ne sont demeurés
à l'extérieur de leur
véhicule le LEM
que deux heures et quart. Mais ces
deux heures et quart ont à
jamais marqué leurs vies.
C'était
il y a 35 ans, le 20 juillet 1969.
Après un voyage de trois
jours, la fusée Apollo 11,
avec à son bord Neil Armstrong,
"Buzz" Aldrin et Michael Collins,
arrivait en orbite lunaire. Pendant
que Collins demeurait à bord,
ses deux collègues, dans
le LEM, descendaient vers notre
satellite, et devenaient les premiers
hommes à fouler le sol d'un
autre monde.
Dans
son ouvrage La Grande aventure
d'Apollo 11, qui vient de paraître,
le journaliste scientifique Claude
Lafleur, qui couvre l'astronautique
depuis 20 ans, retrace pratiquement
minute par minute ce premier voyage
vers la Lune. On sourit devant les
premières découvertes,
si anodines: (Aldrin) "observe aussi
ce qui se passe à ses pieds,
fasciné par ce que provoque
chaque coup de pied. Les parcelles
de sol quil expulse alors
senvolent lentement en décrivant
des courbes parfaites et jamais
perturbées par la présence
dune atmosphère. Puis
toutes tombent à la même
distance, quimporte leur taille
et leur forme. Intrigué,
Aldrin se comporte comme un enfant
jouant à la plage à
butter le sol".
Aldrin:
Jaimerais évaluer
les différentes méthodes
avec lesquelles une personne peut
se déplacer sur la surface
lunaire...
Vous
devez toujours faire attention pour
garder à lesprit où
se trouve votre centre de masse.
Parfois, il vous faut faire deux
ou trois pas pour vous assurer que
vos pieds sont bien en dessous de
vous... Après deux, trois
ou même quatre pas, vous pouvez
vous arrêter facilement...
Pour changer de direction, comme
un joueur de football, vous navez
quà tendre une jambe
à lextérieur
et couper un peu.
Pendant
qu'Aldrin installe le séismomètre,
qui devrait enregistrer les hypothétiques
"tremblements de lune", Armstrong
le guide. Mais l'astronaute hyper-entraîné
"éprouve de la difficulté
à garder un oeil sur Aldrin
puisque sans cesse, il voit des
choses qui le fascinent, un cratère
par-ci qui renferme des pépites
brillantes, une roche ou un sol
par-là légèrement
coloré, etc. Il réalise
que la surface lunaire est beaucoup
plus intéressante quil
sy attendait (les géologues
diront dArmstrong quil
a été lun de
leurs meilleurs élèves-astronautes)."
Les
opérations scientifiques
répétées 1000
fois dans les simulations, le dialogue
avec le centre de contrôle,
à Houston, ne leur laissent
pas beaucoup de temps pour les sentiments.
Sauf au moment où tous deux
se tiennent devant le drapeau américain
qu'ils viennent de planter. "Il
sent alors monter en lui à
la fois une immense fierté
et beaucoup dhumilité.
Il pense aux centaines de milliers
de personnes qui ont donné
le meilleur deux-mêmes
pour quArmstrong et lui atteignent
la Lune, ainsi quaux millions
de téléspectateurs
qui les regardent en ce moment.
Il sourit en pensant au paradoxe:
jamais personne ne sest autant
éloigné de la Terre
mais, en même temps, jamais
non plus quelquun na
fait lobjet dautant
dintérêt..."
C'était
il y a 35 ans. Entre 1969 et 1972,
dix autres hommes ont marché
sur la Lune au cours de cinq autres
missions. Depuis, jamais plus un
astronaute n'a quitté l'orbite
terrestre.
Pour en savoir
plus:
La
Grande aventure d'Apollo 11,
par Claude Lafleur
Disponible sur la Librairie
virtuelle de l'auteur
