
Le 23 mars 2004

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Le gène des fumeuses
(Agence Science-Presse) - La quête devenue
quasi-mythique des gènes de ceci et de cela
vient de conduire à une autre association bizarroïde:
un gène qui empêcherait les femmes... d'arrêter
de fumer!
Des chercheurs de l'Université Oxford
annoncent en effet que des échecs répétés
chez des femmes utilisant le timbre auto-collant (ou patch)
seraient liés à un gène particulier.
Un gène présent aussi bien chez les femmes
que chez les hommes, mais
qui ne semble pas empêcher ces derniers d'arrêter
de fumer.
Le Dr Patricia Yudkin et ses collègues,
qui publient leurs résultats dans le British Medical
Journal, ont suivi 752 personnes qui avaient utilisé
des timbres de nicotine à divers intervalles au cours
des huit dernières années. Tous ces gens étaient
au préalable de grands fumeurs. Les chercheurs se
sont assurés qu'ils avaient bel et bien cessé
de fumer en mesurant leur taux de cotinine (un sous-produit
de la nicotine) dans le sang.
L'hypothèse, c'est que le gène
dont il est question ici contrôlerait le fonctionnement
d'un récepteur du cerveau; lorsqu'arrive la nicotine,
ce récepteur provoque le relâchement de dopamine,
un composé chimique responsable du sentiment de plaisir.
Le gène existe en deux variantes. Or, une des deux
variantes réagirait très fort aux timbres
de nicotine chez la femme, avec pour conséquence
que le relâchement de dopamine est accru -et le sentiment
de plaisir, plus fort. Alors que chez l'homme les deux variantes
ne réagissent pratiquement pas. Conséquence:
la femme chez qui ce gène a "réagi" a encore
plus envie de fumer.
Si ces chercheurs ont raison, alors la solution
serait tout simplement de cibler la thérapie du timbre
chez certaines femmes; mais cela signifierait un test de
dépistage génétique chez chacune, assez
inusité quand on veut simplement arrêter de
fumer. Et comme les chercheurs eux-mêmes ne comprennent
toujours pas pourquoi cette variante du gène, et
pas l'autre, réagit ainsi chez certaines femmes,
mais pas toutes, et pas du tout chez les hommes, ils n'osent
pas trop avancer de recommandations. Et qui sait si, dans
l'habitude de fumer, ne se mêlent pas à ces
facteurs bêtement biologiques et génétiques
des raisons bêtement sociales ou psychologiques?
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