
Le 25 mai 2004

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La pollution est transmissible à vos enfants
(Agence Science-Presse) - Les problèmes
de santé causés par la pollution pourraient-ils
être transmis à la génération
suivante? Voilà que des chercheurs se sont mis en
tête de comparer la quantité de particules
polluantes dans l'air et la quantité de mutations
génétiques chez des oiseaux et des rongeurs.
Car ce qui est en cause, ce ne sont pas les
cas d'asthme et autres maladies respiratoires: ce sont des
mutations, ou défauts génétiques, qui
puissent être transmis à la génération
suivante. Et si la chose est difficile à démontrer
chez des humains il n'y a que deux ou trois générations
que la majorité des Occidentaux vit en ville
elle l'est beaucoup moins chez les petites bestioles.
C'est ainsi qu'une équipe de quatre
chercheurs canadiens, à l'Université McMaster
de Hamilton (Ontario) et au Collège Lakeland de Vermilion
(Alberta) en arrive à la conclusion inquiétante
qu'en laboratoire, une simple réduction de la quantité
de particules de composés polluants, réduction
obtenue grâce à des systèmes de filtration
de l'air, est parvenue à réduire le nombre
de mutations à l'intérieur des cellules reproductives
du mâle -donc, les mutations que le mâle transmet
à la génération suivante.
Le taux de mutation serait réduit de
moitié grâce à ces systèmes de
filtration, écrivent les chercheurs dans la revue
américaine Science.
Sauf qu'en pleine rue, il est difficile d'imaginer un système
de filtration efficace contre les émissions automobiles
ou industrielles...
Déjà, des études menées
sur des goélands avaient révélé
un taux de mutation plus élevé dans l'ADN
de ceux qui habitent le port de Hamilton, que chez ceux
qui vivent à la campagne. Des expériences
similaires ont été menées sur des souris
vivant dans une maison située dans un environnement
pollué, et sur des souris vivant dans un environnement
"contrôlé".
Toutes ces informations demeurent hautement
fragmentaires: on ne peut pas dégager de tendances
sur la nature des mutations, ni même sur ce qu'elles
provoquent dans la plupart des cas, les chercheurs
ne peuvent qu'observer la mutation, sans pouvoir affirmer
à quoi servait le gène muté à
l'origine. On ne sait pas non plus comment ces mutations
se sont rendues jusqu'aux cellules reproductives du mâle.
On a souvent lié la pollution atmosphérique
au cancer du poumon: l'une de ces mutations serait-elle
en cause? De nombreux composés chimiques contenus
dans les particules polluantes, comme les hydrocarbones
polycycliques aromatiques, sont eux aussi, depuis longtemps,
catalogués cancérigènes. Y a-t-il un
lien?
Mais au-delà de ces interrogations,
le simple fait d'accumuler d'une étude à l'autre
des informations sur le fait que ces mutations ne soient
pas seulement dommageables pour notre santé, mais
qu'elles puissent être transmises aux enfants, est
déjà suffisamment inquiétant pour tirer
la sonnette d'alarme.
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