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semaine du 24 mai 2004



La pelouse: adorable mais dangereuse

Le gazon idéal est une quête qui nécessite beaucoup de sueur et de temps. Et d'argent: entre l'arrosage, la tonte, les pesticides et la quincaillerie, le gazon génère une industrie de trois milliards de dollars au Canada, et de 30 milliards aux Etats-Unis! Tout en provoquant des empoisonnements et en appauvrissant le sol...

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Posséder une pelouse parfaite reste une lutte sans répit un peu partout dans le monde, mais en plus, dans des lieux comme le Québec, le climat joue des tours: parmi les centaines de semences existantes, aucune ne convient parfaitement.

L’arrosage: le gazon consomme beaucoup d’eau. Son entretien commande un arrosage par semaine, et jusqu’à 10 cm de profondeur. Depuis des années, les municipalités sont obligées d’émettre des règlements rationnant les périodes d'arrosage afin d’éviter le gaspillage.

La tonte: la chère tondeuse ne fait pas qu'empoisonner l'existence des voisins: elle pollue effrontément! En 30 minutes, ces petits engins peuvent expédier dans l'air autant de gaz carbonique qu’une voiture pendant 300 kilomètres!

Les pesticides: Onil Samuel, de l’Institut national de la santé publique du Québec, estime que le nombre d’intoxications causées par des pesticides se situe autour de 1500 par année. Près de 45% des cas d'intoxication aiguë sont des enfants de 0 à 15 ans. Figurent aussi parmi les plus vulnérables les femmes enceintes, les utilisateurs professionnels de pesticides et… les joueurs de golf. Évidemment, chiens et chats, qui adorent mâchouiller et se rouler dans l’herbe, ne sont pas à l’abri de ces risques.


Le gazon qui tue

La santé des gens n'est pas seule en cause: la course à l'élimination de la mauvaise herbe entraîne, à long terme, un appauvrissement du sol, provoquant de ce fait une dépendance à l'engrais. Qui plus est, non contents d'éliminer les insectes, les pesticides tarissent la principale source alimentaire des oiseaux: les vers de terre. Enfin, certains produits, comme ceux à base de dianizon, sont extrêmement toxiques pour les oiseaux.

Le pire, c'est que bien souvent, les bestioles dont on souhaite se débarrasser sont celles qui, dans les années suivantes, se reproduiront beaucoup plus facilement que les bêtes qui s'en nourrissaient… La raison est simple: elles sont plus nombreuses et il suffit de quelques générations pour que le petit groupe de survivants aux produits toxiques n'engendre une vigoureuse descendance…


Les origines d'une verte obsession

Mais d'où vient donc cet attrait pour un étalage d'herbe purement décoratif? Pourquoi les gens n'ont-ils pas plutôt pris l'habitude de cultiver quelque chose d'utile, comme un potager? Tant qu'à besogner sous le soleil…

Cette fierté de nos banlieues remonte au Moyen âge, en Angleterre, où les seigneurs faisaient défricher les terres encerclant leurs châteaux pour voir venir l'ennemi. Une fois cela fait, l'herbe, alimentée par un climat pluvieux, poussait fort bien sur ces espaces nus. Ne restait plus qu'à y envoyer les vaches et les moutons, qui devenaient ainsi les premières tondeuses à gazon de l'histoire.

Mais la véritable origine d'un espace purement décoratif remonte au milieu du XIXe siècle, lorsque les aristocrates britanniques émigrés aux Etats-Unis ont décidé de tapisser de vert leurs propriétés. À cette époque, la valeur des terres était déterminée par leur productivité, et le sol gazonné signalait à autrui que son propriétaire était suffisamment riche pour posséder un terrain… parfaitement inutile.

Il n'en fallait pas plus pour que ce signe d'opulence ne soit copié par les bourgeois puis, par la classe ouvrière. De sorte que 50 ans plus tard, la pelouse s'étendait déjà indistinctement sur tous les terrains de toutes les banlieues d'Occident et devenait la fierté –et la servitude– des résidents.

L'orgueil commande de posséder le gazon le plus vert du quartier. La gazon mal entretenu suggère "le drame, le divorce, la mort accidentelle, la dépression, le revers de fortune, le laisser-aller, le célibat, la défaite (…) quand ce n'est pas une moralité douteuse", relate avec humour l'anthropologue Serge Bouchard dans Quinze lieux communs.

On a vu des Américains ne pas hésiter à traîner en cour un voisin négligent. Gare aux mauvaises herbes!

Hélène Côté et Sabine Bandiera

 

 

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