
Le 28 avril 2004

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Qu'est-ce qu'une déformation de l'espace-temps?
(Agence Science-Presse) - Les médias
ont abondamment fait état de cette sonde spatiale
américaine lancée dans le but de démontrer
si Einstein avait raison: une masse telle que notre planète
peut-elle vraiment déformer la structure même
de l'espace?
Explication. Une des bases de la théorie
générale de la Relativité du Grand
Albert, c'est que masse et énergie sont deux volets
d'une même chose, comme les deux faces d'une médaille.
De sorte que la quantité de matière influence
la quantité d'énergie, et vice-versa. En conséquence,
une masse suffisamment lourde une planète,
par exemple déforme l'espace autour d'elle,
de la même manière qu'un ballon déposé
sur un drap déforme celui-ci. Une masse tournoyante
une planète, par exemple déforme
plus encore l'espace autour, en fonction de sa vitesse de
rotation.
Si la chose est vraie et tout ce que
la physique a appris depuis Einstein tend à le démontrer
il devrait être possible de mesurer cette "déformation".
C'est ce que la sonde américaine Gravity Probe
B, lancée le 20 avril, doit tester. Elle tournera
autour de la Terre pendant les 16 prochains mois, suivant
une orbite qui la fait passer au-dessus des Pôles.
Elle mesurera ces déformations au moyen de quatre
gyroscopes, décrits comme étant 100 fois plus
sensibles que tout ce qui a existé jusqu'ici. Ces
gyroscopes tournent sur eux-mêmes à raison
de 10 000 tours à la minute et en théorie,
ils devraient osciller très légèrement
chaque
fois qu'ils passent dans la zone d'attraction de cette déformation
de l'espace-temps.
Les perturbations des gyroscopes dont on parle
ici sont infimes. Quelque chose de l'ordre du cent millième
de degré. Mais si on les détecte, ce sera
suffisant pour démontrer la justesse de cette partie
de la Théorie de la Relativité.
Il y a déjà eu une Gravity
Probe A. Elle a été lancée en 1976
et a permis de vérifier un autre gros morceau de
cette Théorie, mieux connue celle-là des amateurs
de science-fiction: celle voulant que la gravité
et la vitesse aient une influence sur le temps lui-même.
Plus un vaisseau s'approche de la vitesse de la lumière,
plus sa masse s'accroît, et plus le temps à
bord ralentit... par rapport à son point de départ.
Mais Einstein ne figure pas en tête
des priorités des astrophysiciens. L'expérience
lancée la semaine dernière a été
proposée en... 1959. Il a fallu tout ce temps pour
non seulement convaincre de la légitimité
de l'investissement 700 millions$ mais aussi
pour mettre au point la technologie nécessaire: au
coeur de chaque gyroscope dort une sphère quasi-parfaite
de quartz de la taille d'une balle de ping-pong. Chaque
sphère réside dans un espace sous vide, à
moins 271 degrés Celsius, refroidi en permanence
à l'hélium (ce sont les réserves d'hélium
qui déterminent la durée de vie de 16 mois)
afin de s'assurer que la chaleur du Soleil ne vienne en
rien affecter l'expérience.
Les résultats ne devraient être
connus qu'en 2006. Mais comme il y a un siècle qu'Einstein
attend, il peut bien attendre quelques années...
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