
Le 2 septembre 2004

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Ne dites pas clonage, dites...
(Agence Science-Presse) - Les scientifiques
commencent eux-mêmes à le reconnaître,
ils n'aiment pas trop qu'on parle de clonage. L'image malsaine
qui se dégage de ce mot pourrait nuire, disent-ils,
à la recherche, plus sérieuse, sur les cellules-souches.
Ce n'est pas pour rien que depuis deux ans,
des petits groupes recommandent un changement de vocabulaire:
pour désigner la recherche sur les cellules-souches,
ne dites plus clonage thérapeutique, dites
transfert de noyau. De cette façon, le mot
"clonage" restera le monopole du véritable clonage
d'individus, soit le clonage reproductif, celui qui
a conduit, entre autres, à la brebis Dolly.
Mais plus récemment, des nouvelles
a priori excellentes pour les chercheurs ont encore
ajouté à leurs inquiétudes. Le 11 août,
le gouvernement britannique réouvrait
la porte à la possibilité de cloner des cellules
à des fins de recherche médicale. Une telle
annonce, doublée de l'énorme attention médiatique
qu'elle a générée, a pour effet de
créer des attentes irréalistes chez le public,
s'inquiète dans les pages de Nature Jose Cibelli,
de l'Université d'Etat du Michigan.
Or, tous les traitements évoqués
autour des cellules-souches "programmer" ces cellules
afin qu'elles forment des poumons, des foies, en vue de
transplantations, ou des tissus cervicaux pour combattre
l'Alzheimer, le Parkinson, etc. relèvent pour
l'instant de la science-fiction: si les médecins
y parviennent, ce ne sera pas avant des années. Peut-être
des décennies. Dans l'intervalle, le citoyen, déjà
échaudé par les histoires d'horreur sur le
clonage d'individus, ne finira-t-il pas par rejeter aussi
la recherche sur les cellules-souches, trop associée
à ses yeux au clonage?
Il faut dire que dans l'enthousiasme créé
par les premières percées sur les cellules-souches,
au milieu des années 1990, les chercheurs ont oublié
de mettre les points sur les i: la recherche scientifique,
de tous temps, a été composée de retombées
à court terme et de retombées à long
terme; or, à trop s'enthousiasmer, on en vient à
oublier de parler des retombées lointaines en faisant
plutôt miroiter la possibilité d'un traitement-miracle
bénéfice censé émerger très
bientôt, reproche Lawrence Goldstein, de l'Université
de Californie.
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