En mai dernier (
voir
ce texte), l'Agence spatiale européenne a publié
un rapport blâmant une gestion déficiente et
des fonds insuffisants pour expliquer la perte de la sonde
britannique Beagle 2: cette sonde larguée par l'européenne
Mars Express et qui aurait dû se poser sur Mars le jour
de Noël, mais dont on n'a plus jamais entendu parler.
Piqués au vif par les accusations,
les ingénieurs et surtout les administrateurs du
projet britanniuqe Beagle 2 viennent
de publier leur réplique, sous la forme d'une
étude technique de 288 pages: l'atmosphère
martienne serait moins dense que prévu, avec pour
résultat que le vaisseau n'a pu freiner suffisamment
avant d'atteindre le sol. Il s'y serait donc écrasé.
Leur hypothèse repose elle-même
sur une série d'autres hypothèses, puisque
la reconstitution des dernières minutes de la mission
Beagle 2 n'est pas une tâche facile. Ils partent du
principe que rien ne permet d'affirmer que le parachute
ne s'est pas déployé; ni que le bouclier thermique
de l'engin qui le protège contre la chaleur
de l'entrée dans l'atmosphère a pu endommager
l'engin lors de sa séparation. Ne restent donc que
des causes externes, écrit les auteurs du rapport,
dirigés par Mark Sims, de l'Université Leicester
(Angleterre).
Et des causes externes, cela veut dire, par
exemple, l'atmosphère martienne. Les analyses de
Mars Express ont révélé que l'atmosphère
martienne était moins dense que prévu.
Cela aurait pu influencer la fréquence de freinage
de Beagle 2, disent-ils.
Autant la BBC que le New Scientist,
deux médias britanniques, ne manquent toutefois pas
de souligner le passage où les ingénieurs
notent qu'une défaillance des coussins gonflables
ceux qui servent à protéger l'engin
lorsqu'il atteint le sol n'est pas impossible. Les
tests, écrivent-ils prudemment, "ont été
en nombre moins élevé que souhaitable".
Les auteurs reprochent à l'Agence spatiale
européenne son manque de collaboration, elle qui
aurait vu en Beagle 2, tout au long de la phase préparatoire,
rien de plus qu'un instrument parmi d'autres à bord
de la sonde Mars Express.
Il faut savoir que Mars Express, depuis son
arrivée en orbite martienne en décembre, s'est
avérée un grand succès. C'est notamment
elle qui a permis d'obtenir, en janvier (voir
ce texte), ce que les géologues considèrent,
à ce jour, comme la preuve la plus solide en 40 ans
de la présence actuelle d'eau dans les glaces polaires.
Mais la petite sonde Beagle 2 aurait dû
être la partie la plus spectaculaire la plus
médiatique de la mission. Avec son budget de
72 millions$ US six fois moins que les moins coûteuses
des sondes américaines elle devait, une fois
posée, déployer un instrument capable de creuser
jusqu'à un mètre sous la surface de Mars,
à la recherche d'eau et peut-être, qui
sait, de vie. Les deux sondes américaines actuellement
sur Mars ne sont pas équipées pour rechercher
d'éventuelles traces de vie.
Le directeur du comité scientifique
de l'Agence spatiale européenne (ESA) a rapidement
rejeté les critiques de l'équipe Beagle 2:
"ils ont fait un voyage grâce à l'ESA, ils
ont eu de l'argent, que pouvaient-ils demander de plus?"