
Le 8 juillet 2005

Retour
au sommaire des capsules
ITER en France, mais à quel prix?
(Agence Science-Presse) - Or donc, la France
a obtenu ITER, le plus gros projet scientifique international
depuis la station spatiale. Mais dans les années
à venir, les physiciens européens vont peut-être
renâcler, quand ils réaliseront le prix réel
qu'il aura fallu payer.
On l'a déjà dit, le projet d'un
réacteur expérimental de fusion nucléaire
(International Thermonuclear Experimental Reactor , ou ITER)
était sur la glace depuis 18 mois, déchiré
par des querelles politiques qui empêchaient de trancher
entre les deux pays candidats: la France (appuyée
par la Russie et la Chine) et le Japon (appuyé par
les Etats-Unis et la Corée du Sud). Il y a près
de deux mois, on apprenait que le dilemme avait été
tranché (voir ce texte):
la France avait finalement décroché le gros
lot, pour son site de Cadarache, dans le Sud, et ce en échange
de compensations pour le Japon.
Mais quelles compensations? Même une
fois l'annonce
officielle faite à Moscou à la fin-juin,
peu d'informations ont filtré à ce sujet.
Les observateurs spéculent ou s'appuient sur des
chiffres qui ne sont que partiellement confirmés:
des compagnies japonaises obtiendront des contrats de sous-traitance
de compagnies de haute technologie européennes. Un
cinquième de l'équipe administrative d'ITER
proviendra du Japon. Et le plus important, du point de vue
des scientifiques, l'Europe contribuera à la construction,
au Japon, d'un "centre majeur de recherche" sur la fusion
nucléaire.
S'il se rend à terme, le rêve
ITER accouchera d'une source d'énergie propre
et inépuisable: l'équivalent de l'énergie
qui fait briller le Soleil depuis 5 milliards d'années,
soit la fusion nucléaire. L'idée a été
pour la première fois proposée lors d'un sommet
Etats-Unis-URSS, en 1985.
Sauf qu'il pourrait s'écouler 50 ans
avant qu'on n'atteigne le stade d'une telle énergie
qui soit utilisable à des fins commerciales. En attendant,
la construction du réacteur à Cadarache coûtera,
à elle seule, 5 milliards de dollars, la moitié
payée par l'Union européenne. D'où
les craintes exprimées par certains physiciens européens:
une fois payé tout cela, la construction et les compensations
au Japon, que restera-t-il dans le budget européen
pour la recherche en physique?
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|