
Le 9 mai 2005

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Objectif Lune
(Agence Science-Presse) - Le projet Lune-Mars
du Président Bush est encore loin de faire l'unanimité.
Le jour même où était dévoilé
l'hypothétique futur véhicule lunaire, l'Association
des astronomes américains accusait la Nasa de mettre
en danger l'avenir même de l'astronomie aux Etats-Unis
en
détournant des fonds vers un projet dont le réalisme
est douteux.
Personne n'a pu évaluer avec précision
ce qu'il en coûterait pour préparer un retour
sur la Lune suivi, dans les années 2020, d'un vol
habité vers Mars, mais les estimations les plus prudentes
se calculent en dizaines de milliards de dollars. Pendant
ce temps, l'agence spatiale américaine coupe des
bouts de chandelle: par exemple, viennent de disparaître
14 millions destinés à l'analyse des données
astronomiques envoyées par les sondes interplanétaires.
L'engin lunaire, au nom pour l'instant fort
banal de Crew Exploration Vehicle, constitue
la proposition déposée le 2 mai par la firme
Lockheed-Martin, en réponse à l'appel
d'offres de la Nasa: une seule autre firme est en lice,
Northrop, partenaire de Boeing. Lockheed-Martin et Boeing
sont les deux partenaires privés traditionnels de
la Nasa depuis des décennies, de la conception de
la navette spatiale jusqu'aux sondes interplanétaires.
Le projet de Lockheed a été dévoilé
le même jour par la revue Popular Mechanics.
En théorie, l'une des deux firmes pourrait
savoir dès septembre si son projet a été
retenu. Mais ce n'est pas avant trois ans que l'on saura
s'il est fonctionnel, après le premier vol d'un prototype.
Personne ne sait comment il coûtera.
Et ça, ce n'est que la première
étape du rêve énoncé l'an dernier
par le président Bush et qui, depuis, conditionne
l'essentiel des plans d'avenir de la Nasa: d'abord un véhicule
destiné à emporter des astronautes sur la
Lune, qu'il faudra avant tout assembler en orbite terrestre
puis expérimenter là-haut. Ensuite, le retour
sur la Lune proprement dit. Puis, la construction d'une
base lunaire vers 2020, destinée à préparer
les séjours de longue durée. Et enfin, le
grand départ vers Mars, peut-être depuis la
Lune.
C'est parce que ces perspectives sont à
ce point lointaines, hypothétiques et mal définies,
que l'Association astronomique américaine s'insurge:
elle y voit le risque de perdre sa position dominante sur
l'échiquier astronomique mondial, pendant que les
budgets de recherche seront détournés vers
ce projet douteux (et vers la navette spatiale, dont le
budget pour la remise en marche a déjà dépassé
les prévisions).
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