
Le 13 septembre 2005

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Les arbres ne sont pas des puits
(Agence Science-Presse) - On ne peut pas compter
sur les arbres pour éponger l'augmentation des gaz
à effet de serre. Ils ne grandiront pas plus vite,
même si on leur fournit davantage de CO2, selon une
étude parue dans Science
le 26 août.
Les chercheurs de Suisse, de France et du
Canada ont ainsi voulu vérifier une hypothèse
prise très au sérieux depuis plusieurs années
: si les arbres sont saturés en carbone, vont-ils
grandir mieux ou plus vite ? La réponse est non,
et c'est un nuage noir qui s'ajoute à la menace du
réchauffement de la planète.
Effectivement, l'idée était apparue
de miser sur les forêts pour stocker les surplus
de gaz carbonique rejetés par l'homme. Ainsi,
on minimisait les effets de la pollution... et qui sait,
on faisait peut-être même pousser les arbres
plus vite! Déjà, l'hypothèse était
controversée; ces nouveaux résultats risquent
de l'enterrer définitivement. |
Voir
aussi le texte suivant:
Où
est passé tout le carbone?
|
Pendant quatre ans, les chercheurs ont travaillé
sur 14 arbres à feuilles caducs qui ont en moyenne
100 ans et qui vivent dans une forêt tempérée
de Suisse. Un gigantesque réseau de tuyaux, faisant
plus de 8 kilomètres, dégageait pas moins
de 2 tonnes de dioxyde de carbone par jour. De sorte que
l'air environnant le feuillage des arbres atteignait un
taux de 0,053% de CO2, une concentration qui correspond
aux estimations pour 2050 (en comparaison, aujourd'hui,
l'air en contient 0,037%).
Avec davantage de CO2 à leur disposition,
les arbres stimulent effectivement la photosynthèse
et produisent plus de sucres, mais ces molécules
ne sont pas destinées à la croissance: la
plupart sont sécrétées par les racines.
Une fois dans le sol, ces sucres sont décomposés
par les microorganismes et transformés en CO2 qui,
du sol... retourne dans l'air! Autrement dit, le carbone
finit par être relâché assez rapidement
dans l'atmosphère. Il n'y a pas de stockage par les
forêts: celles-ci atteignent rapidement leurs limites
puits de carbone.
Ces résultats ne concernent que 14
arbres; on en peut donc pas nécessairement extrapoler
à l'écosystème entier. Mais Steeve
Pepin, chercheur à l'université de Laval à
Québec et coauteur de cette étude assure que
leur étude "donne tout de même une bonne indication,
même s'il faut rester prudent." Le scientifique aimerait
poursuivre l'étude sur davantage d'arbre et pendant
une dizaine d'années.
Mais ce type d'expérimentation est
difficile à mettre en place et coûte très
cher : le dispositif de tuyau est soutenu par une grue qui
est installée sur le site par hélicoptère
pour ne pas perturber le sol, et les deux tonnes de CO2
par jour représentent à elles seules 1000
dollars par jour. Ce qui explique pourquoi c'est la première
étude de ce type sur des arbres matures.
Caroline Dangléant
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