
Le 12 décembre
2005

Retour
au sommaire des capsules
Questions-réponses
Que se passe-t-il avec le Gulf Stream?
(Agence Science-Presse) - La nouvelle, passée
discrètement pendant la Conférence de Montréal
sur les changements climatiques, rappelle la prémisse
du film Le jour d'après: et si le Gulf Stream
s'inversait?
Confirmant les pires cauchemars des scénaristes,
les climatologues ont en effet mesuré un "essoufflement"
du Gulf Stream, ce courant chaud qui, arrivant des Tropiques,
donne à l'Europe son climat relativement chaud. Explication.
Que veulent-ils dire par un ralentissement
du Gulf Stream?
En fait, les scientifiques parlent d'un "bégaiement".
Autrement dit, un ralentissement qui pourrait n'être
qu'épisodique: il faudra des années avant
de voir si la tendance se maintient. Mais pour l'instant,
ça ressemble plus à une dégringolade
qu'à un bégaiement: une réduction de
30% des courants chauds. "Nous ne voulons pas dire que la
circulation va s'interrompre, résume
au New Scientist Harry Bryden, du Centre national
d'océanographie à Southampton. Mais notre
découverte nous rend nerveux."
Qu'est-ce que le Gulf Stream?
Au 40e degré de latitude
Nord, soit l'équivalent du Portugal ou de New York,
le Gulf Stream, dans sa course vers l'Europe, se divise
en deux: une partie s'en va vers le Sud, le reste continue
vers le Nord, entraînant avec lui des vents chauds
qui contribuent à donner 5 à 10 degrés
de plus à l'Europe que ce que le Québec connaît,
lui est pourtant situé aux mêmes latitudes.
Or, ce qu'ont mesuré en 2004 Harry
Bryden et ses collègues, c'est que le lieu où
se produit cette division semble s'être déplacé
par rapport aux mesures de 1957, 1981 et 1992: résultat,
moins d'eaux chaudes atteignent l'Europe. Pis encore, en
analysant des données de l'organisme américain
(NOAA), Bryden suggère que le "ralentissement" de
2004 n'est pas un cas isolé. Le gros du déplacement
pourrait avoir eu lieu dès les années 1990.
S'il y a déjà ralentissement,
ne devrait-on pas le ressentir en Europe?
C'est là que se révèle
toute la complexité des interactions climatiques.
D'un point de vue bêtement mathématique, ces
changements seraient effectivement suffisants pour, déjà,
abaisser d'un degré la température dans les
îles britanniques et de deux degrés en Scandinavie.
Et pourtant, ce n'est pas ce qui a été observé:
au contraire, la température moyenne en Europe est
à la hausse. Bryden objecte à cela que cette
hausse peut être le résultat de la hausse planétaire
de la température.
Un ralentissement du Gulf Stream aurait-il
des effets ailleurs qu'en Europe?
Après avoir réchauffé
l'Europe, le reste du Gulf Stream passe à proximité
du Groenland, où il plonge dans les profondeurs de
l'océan et revient vers le Sud, à son point
de départ. En arrivant près du Groenland,
il entraîne également avec lui une eau beaucoup
plus salée, donc plus dense, que celle du Grand Nord.
Or, à mesure que fondent les glaces
de l'Arctique, cette eau devient moins salée, donc
moins dense: résultat, elle "coule" moins vers le
fond, et le courant qui s'ensuit vers le Sud pourrait s'en
trouver bloqué. D'après Bryden, c'est ce qui
serait en train de se produire à l'Est du Groenland,
tandis qu'à l'Ouest, l'eau continue de "couler" vers
le Sud pour l'instant.
Les modèles informatiques de prévision
du climat avaient effectivement prévu un tel scénario.
Capsule
suivate
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|