
Le 15 août 2005

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De la cocaïne dans le fleuve
(Agence Science-Presse) - Quatre kilos de
cocaïne par jour. Ce chiffre équivaut à
la consommation répartie entre les cinq millions
d'Italiens vivant dans la plaine du Pô. Ce ne serait
pas grand-chose, si ce n'était de sa provenance:
le fleuve lui-même.
Les scientifiques ont en effet estimé
ce résultat en prélevant plusieurs échantillons
de l'eau usée qui se déverse dans le fleuve
Pô. Cette quantité, qui représente l'équivalent
d'environ 27 doses quotidiennes par 1000 jeunes adultes,
soit environ 40 000 doses, concerne la population de la
plaine où se trouvent notamment les grandes villes
de Turin et Milan. Et c'est supérieur aux évaluations
faites par le gouvernement: en 2001, une enquête concluait
à une consommation d'environ 15 000 doses de cocaïne...
par mois.
Les chercheurs de l'Institut de recherche
en pharmacologie Mario Negri, ont analysé les échantillons
pour détecter des résidus de cocaïne
excrétés dans l'urine, mais également
du benzoylecgonine, un métabolite, c'est-à-dire
une substance que notre corps sécrète après
l'assimilation de cocaïne.
"Au début, nous étions vraiment
surpris. Cependant, nous sommes tout à fait sûr
de nos résultats" déclare
Ettore Zuccato au magazine New Scientist. Le
directeur de l'étude explique que les mesures du
taux de cocaïne sont cohérentes avec celles
du benzoylecgonine. Les chercheurs pensent même que
les valeurs obtenues sont encore en-dessous de la vérité.
Car il est très probable qu'une certaine quantité
des molécules se soit dégradée dans
le fleuve avant qu'ils aient récolté leurs
échantillons.
L'équipe italienne a même pensé
au fameux scénario où un trafiquant pris de
panique jetterait la totalité de sa marchandise dans
la cuvette de toilettes. Mais les résultats ne sont
pas dus à une telle histoire puisque d'une part,
les estimations se basent sur des échantillons prélevés
différents jours et d'autre part, les chercheurs
auraient alors remarqué un pic des résidus
de cocaïne par rapport au taux de benzoylecgonine.
À présent, les scientifiques
espèrent utiliser
cette méthode pour évaluer l'usage d'autres
drogues. Mais l'opération risque de poser de
nouveaux problèmes : les métabolites de l'héroïne
sont les mêmes que ceux de la morphine utilisée
en hôpital, quant aux métabolites sécrétés
après consommation de cannabis, ils sont trop instables
pour être détectés.
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