
Le 17 octobre 2005

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50 millions de morts in vitro
(Agence Science-Presse) - Des scientifiques
américains viennent de recréer le virus de
la grippe espagnole, celui-là même qui a provoqué
la mort de 20 à 50 millions de personnes. Si le but
est louable comprendre pourquoi cette grippe de 1918
a été si meurtrière et en tirer des
informations pour la mise au point de vaccins et de médicaments
contre les formes actuelles de la grippe l'entreprise
n'en suscite pas moins des inquiétudes.
À ces fins, deux groupes de biologistes moléculaires
et de virologistes américains, dirigés par
le docteur Jeffery Taubenberger (Institut de pathologie
des forces armées, Washington) ont
infecté des souris avec ce virus ressuscité.
Celles-ci ont perdu du poids très rapidement et sont
mortes dans les six jours. À titre de comparaison,
des souris similaires ont été infectées
avec une forme contemporaine de grippe. Elles ont également
perdu du poids, mais se sont remises. Les tests ont ainsi
révélé que le virus de la grippe espagnole
se multiplie si rapidement quen quatre jours, les
corps des souris montraient 39 000 fois plus de virus que
celles injectées avec un virus plus commun.
Mais ce virus ressuscité serait désormais
lune des armes biologiques les plus efficaces à
ce jour, selon des
scientifiques qui accusent leurs confrères de
ne pas avoir mesuré les risques. Selon certains,
la publication intégrale des séquences du
génome du virus, plus tôt ce mois-ci dans
Nature et la publication parallèle,
dans Science, de la façon dont les chercheurs
s'y sont pris donnerait à nimporte quelle
nation dévoyée ou groupe terroriste toutes
les informations nécessaires pour créer leur
propre version du virus.
Julie Gerberding, directrice des Centres américains
de contrôle et de prévention des maladies (CDC),
admet que même sil y a un risque de libération
accidentelle du virus, les médicaments, les vaccins
et limmunité naturelle des gens limiteraient
les dégâts. De plus, elle estime que cette
étude, qui est l'aboutissement d'un travail de 10
ans, aura
un impact immédiat sur la compréhension et
lendiguement de la grippe aviaire.
Cest ce quexplique Jeffery Taubenberger: dabord,
lanalyse des gènes du virus a révélé
que la pandémie de la grippe espagnole découle
dune mutation qui a permis la transmission directe
de ce virus des oiseaux à lHomme, sans même
se combiner avec la grippe humaine. Or, du côté
de la grippe aviaire d'aujourd'hui, les séquences
décodées ont déjà permis détablir
qu'elle peut devenir pandémique sans même se
combiner avec la grippe humaine, ce qui suggère que
des mutations similaires à 1918 sont déjà
à l'uvre...
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