
Le 23 novembre 2005

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Le jour où le climat changea
(Agence Science-Presse) - Il y a 20 ans, au
milieu d'un obscur congrès tenu dans un lieu de villégiature
autrichien, la relation entre gaz à effet de serre
et changements climatiques devenait, pour la première
fois, un sujet d'étude destiné à tous
les environnementalistes, et non plus seulement à
une poignée de spécialistes.
Le congrès, tenu en octobre 1985, portait
un nom à faire fuir tous les journalistes (ce qui
fut le cas!): Congrès international sur l'évaluation
du rôle du dioxyde de carbone et autres gaz à
effet de serre sur les variations climatiques et impacts
associés (ouf!). A peine 89 scientifiques de
23 pays y assistaient. Mais ces 89 scientifiques furent
les catalyseurs de ce qui allait devenir le groupe intergouvernemental
des Nations Unies sur les changements climatiques (IPCC),
à qui on doit les briques qui contiennent l'ensemble
de ce qui fait consensus sur la question du climat.
Un des participants-clefs à cette rencontre
de Villach, dans le Sud de l'Autriche, était le climatologue
canadien Jim Bruce, président du congrès.
C'est lui qui insista pour que soit publiée une déclaration
commune au terme de la rencontre, déclaration qui
assura un suivi politique.
Cette déclaration contenait une prévision:
au cours de la première moitié du XXIe siècle,
la Terre pourrait connaître "un réchauffement
substantiel" qui sera "attribuable à l'activité
humaine". Cette prévision ne fit pas les manchettes
dans la presse, mais elle constitua une première:
calculs à l'appui, des scientifiques de diverses
disciplines démontraient qu'un changement dans la
chimie de l'atmosphère était plausible, non
pas d'ici 1000 ans, mais à l'intérieur même
d'une vie humaine.
Mais le congrès ne partait pas de nulle
part: il était co-financé par le Programme
des Nations Unies pour l'environnement, qui venait d'obtenir
la signature d'un traité international sur la protection
de la couche d'ozone. La protection de l'environnement était
donc déjà à l'ordre du jour: c'étaient
les changements climatiques qui ne l'étaient pas
encore.
Par ailleurs, deux ans plus tôt, un
groupe de chercheurs américains sous l'égide
du Conseil national de recherche avaient fait part de leurs
inquiétudes quant aux bouleversements climatiques;
mais ils s'étaient contenté de souligner,
dans leur rapport, "les incertitudes scientifiques"
et la nécessité de mener d'autres recherches.
La déclaration de Villach incita quelques-uns à
abandonner la prudence et à plaider l'urgence.
Sept ans plus tard, en 1992, ils étaient
des milliers à Rio de Janeiro, pour le Sommet de
la Terre, où fut signée la Convention des
Nations Unies sur les changements climatiques, précurseur
du Protocole de Kyoto.
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